Quelques mots pour la vie journalière
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L'article présenté ici est un recueil de différents passages écrits par l'un des Maîtres directs de H.P. Blavatsky. La valeur des enseignements qu'il contient a déjà été vérifiée par beaucoup d'étudiants de la Théosophie et nombreux sont ceux qui, nous l'espérons, l'apprécieront dans l'avenir.
C'est la philosophie divine seule - la philosophie de la fusion spirituelle et psychique de l'homme avec la nature qui permettra, en révélant les vérités fondamentales qui sont voilées derrière les objets de sensation et de perception, de promouvoir un esprit d'unité et d'harmonie, malgré la grande diversité des croyances qui s'opposent entre elles. C'est pour cela que la Théosophie attend des Théosophes — et leur demande d'une façon pressante — qu'ils fassent preuve d'une grande et mutuelle tolérance, et charité, envers les défauts de leurs compagnons, et d'une aide mutuelle généreuse et libérale dans leur recherche des vérités cachées dans chaque département de la nature, morale et physique. Et cette attitude éthique doit être appliquée sans hésitation et sans exception dans le reste de la vie journalière.
La Théosophie ne devrait pas constituer une simple collection de vérités morales, un ensemble de principes métaphysiques condensés en dissertations théoriques. La Théosophie doit être rendue pratique ; et dans ce but, elle doit être débarrassée des digressions inutiles, dans le sens de discours décousus et de belles paroles. Que chaque Théosophe fasse seulement son devoir, ce qu'il est capable de faire et qu'il devrait faire, et il n'y aura pas longtemps à attendre avant que toute la somme de misère humaine qui se trouve à l'intérieur ou à proximité de chaque centre de travail théosophique apparaisse diminuée d'une manière visible. Oubliez le Soi personnel en travaillant pour les autres, et la tâche vous deviendra aisée et facile à accomplir... Ne mettez pas votre orgueil à faire apprécier et reconnaître ce travail par les autres. Pourquoi donc un membre d'un centre de travail théosophique, s'efforçant de devenir un Théosophe, devrait-il s'inquiéter de la bonne ou de la mauvaise opinion que son voisin peut avoir de lui-même ou de son travail s'il sait, en lui-même, qu'il est utile et bienfaisant pour les autres ? La louange et l'enthousiasme des hommes sont, pour le moins, de très peu de durée ; le ricanement du railleur et la condamnation de l'observateur indifférent, suivront sans aucun doute la louange admirative de l'ami, et, généralement, seront d'un plus grand poids sur les autres. Ne méprisez pas l'opinion du monde et ne la provoquez pas inutilement à une injuste critique. Restez plutôt aussi indifférent au dénigrement qu'à la louange de ceux qui ne pourront jamais vous connaître tels que vous êtes, et qui ne devraient pas de ce fait, vous trouver plus émus par l'un que par l'autre, si vous vous efforcez au contraire de toujours placer l'approbation ou la condamnation de votre Soi Intérieur au-dessus de celle des masses.
Ceux d'entre vous qui désireraient se connaître eux-mêmes dans l'esprit de vérité, ont à apprendre à vivre seuls au milieu des grandes foules qui peuvent parfois vous environner. Cherchez à entrer en communion et en rapport constant seulement avec le Dieu qui est caché dans le tréfonds de votre âme, et est appelé la CONSCIENCE LA PLUS HAUTE, mettez sans plus attendre vos bonnes intentions en pratique, et ne laissez jamais la moindre d'entre elles ne rester qu'une intention. Et, par ailleurs, n'espérez ni récompense, ni même reconnaissance pour le bien que vous avez pu faire. Récompense et reconnaissance sont en vous-mêmes et sont inséparables de vous, étant donné que c'est votre Soi Intérieur seul qui peut les apprécier à leur importance et à leur valeur réelles. Car, au coeur de son tabernacle intérieur, chacun de vous possède cette Cour Suprême — avec son avocat, son procureur, son jury et ses juges — dont la sentence est la seule qui soit sans appel, ainsi personne ne peut vous connaître mieux que vous-mêmes une fois que vous avez appris à juger ce Soi, votre personne, à la lumière qui jamais ne vacille de la divinité intérieure : votre Conscience la plus haute.
La majorité de l'aréopage public qui juge les autres, est composée généralement de gens qui s'érigent eux-mêmes en juges et n'ont jamais adopté comme idole d'autre Divinité permanente que leur propre personnalité — leur Soi inférieur. Au contraire, ceux qui essaient dans leur vie de suivre leur lumière intérieure ne seront jamais pris à juger, encore moins à condamner ceux qui sont plus faibles qu'eux. Pourquoi donc s'émouvoir si l'opinion publique vous condamne ou vous loue, vous rabaisse ou vous porte au pinacle ? Elle fera de vous une idole, tant qu'elle pensera que vous la reflétez fidèlement sur le piédestal, ou l'autel, qu'elle a élevé pour vous, et tant que vous 1'amuserez ou lui rendrez service. Mais vous ne pouvez espérer être plus qu'un fétiche temporaire, succédant à un autre fétiche et suivi à votre tour par une autre idole ; votre société occidentale ne peut pas plus vivre sans son Calife d'une heure qu'elle ne peut l'honorer pendant beaucoup plus que ce court moment ; et chaque fois qu'elle brise une idole et qu'elle la couvre de boue, ce n'est pas son modèle mais l'image défigurée qu'en a créé son imagination dépravée, et qu'elle a dotée de ses propres vices, que cette société jette en bas de son trône et réduit en pièces. La Théosophie ne peut trouver d'expression objective que dans un code de vie de caractère universel, entièrement imprégné de l'esprit de tolérance et de charité mutuelles et d'amour fraternel. Les organismes théosophiques considérés dans leur collectivité, ont devant eux une tâche qui, à moins d'être accomplie avec la plus grande discrétion, provoquera contre eux la levée en armes du monde des indifférents et des égoïstes. La Théosophie doit lutter contre l'intolérance, les préjugés, l'ignorance et l'égoïsme, dissimulés sous le manteau de l'hypocrisie. Elle a pour mission de jeter toute la lumière possible de la torche de la Vérité qui est confiée à ses serviteurs. Et elle doit le faire sans peur ni hésitation, en ne redoutant ni reproche, ni condamnation. Par l'intermédiaire de ses porte-parole, les organismes théosophiques, la Théosophie doit dire la VÉRITÉ à la face même du MENSONGE ; elle doit aller braver le tigre dans sa tanière, sans être entravée par l'idée ou la peur des mauvaises conséquences possibles, et jeter le défi à la calomnie et aux menaces. Ces porte-parole, considérés comme des Associations, ont non seulement le droit mais le devoir de démasquer le vice et de faire de leur mieux pour redresser les torts, que ce soit par la voix de conférenciers désignés ou de leurs journaux et publications — tout en rendant cependant leurs accusations aussi impersonnelles que possible. Mais leurs Membres, considérés individuellement, n'ont en aucun cas ce droit. Avant toute chose, ils ont le devoir de montrer l'exemple d'une moralité fermement établie et clairement comprise et tout aussi fermement mise en pratique, avant de recevoir le droit d'attirer l'attention, même dans un esprit de bonté, sur l'absence d'une semblable unité dans le domaine éthique et sur le plan de l'intention, dans les autres associations ou individus. Aucun Théosophe ne devrait blâmer un frère, qu'il fasse partie ou non de son association ; et il ne devrait pas non plus jeter le discrédit sur les actions d'un autre, ou le dénoncer comme fautif, de peur de perdre le droit d'être considéré comme Théosophe. Car, en tant que tel, il a le devoir de détourner ses regards des imperfections de son voisin, et plutôt de centrer son attention sur ses propres défauts, afin de les corriger et de devenir plus sage. Qu'il se garde de souligner la différence entre les principes professés par les autres et leurs actions, mais, que ce soit dans le cas d'un frère, d'un voisin, ou simplement, d'un de ses semblables, qu'il s'attache plutôt à aider l'être qui est plus faible que lui sur le rude chemin de la vie. Le problème de la véritable Théosophie et sa grande mission consistent avant toute chose à élaborer des conceptions claires et sans équivoque d'idées et de devoirs de caractère éthique, capables de satisfaire le mieux et le plus complètement les sentiments justes et altruistes qui se trouvent dans le cœur des hommes, et ensuite à modeler ces conceptions en vue de les adopter en des formes de vie journalière offrant un champ d'action permettant leur application de la manière la plus équitable.
Telle est la tâche commune proposée à tous ceux qui sont disposés à agir suivant ces principes. C'est une tâche laborieuse qui demande des efforts acharnés et persévérants ; mais elle doit vous amener insensiblement à progresser, et ne vous laissera aucune place pour des aspirations égoïstes quelconques, tendant à sortir des limites tracées... Ne vous laissez pas aller personnellement à comparer, d'une manière non fraternelle, la tâche accomplie par vous-mêmes et le travail laissé inachevé par vos voisins ou vos frères. Dans les champs de la Théosophie, nul n'est tenu à arracher les mauvaises herbes sur une surface plus grande que sa force et sa capacité ne le lui permettent. Ne soyez pas trop sévères sur les mérites ou les démérites de celui qui demande à être admis dans vos rangs, car la vérité sur l'état réel de l'homme intérieur ne peut être connue que de Karma, et c'est cette LOI seule, à qui rien n'échappe, qui pourra lui faire justice comme il le mérite. Même la simple présence parmi vous d'un individu bien intentionné et sympathisant peut vous aider magnétiquement... Vous êtes les travailleurs volontaires et libres à l'œuvre dans les champs de la Vérité, et, comme tels, vous ne devez laisser aucun obstacle sur les chemins qui y conduisent.
« Les degrés de votre succès ou de votre échec constituent les repères que les Maîtres doivent suivre, du fait qu'ils forment les barrières qui ont été placées de vos propres mains entre vous-mêmes et ceux à qui vous avez demandé d'être vos instructeurs. Plus vous approchez du but recherché, plus courte est la distance qui sépare l'étudiant du Maître. »
Vous pouvez faire un bien immense en contribuant à donner aux nations occidentales une base sûre sur laquelle reconstruire leur foi branlante. Et ce qu'elles requièrent, c'est l'évidence que seule la psychologie asiatique peut fournir. Donnez-leur cela, et vous conférerez le bonheur de l'esprit à des milliers d'individus. L'ère de la foi aveugle est passée ; celle de la recherche s'est ouverte. La recherche qui démasque l'erreur, sans découvrir quoi que ce soit permettant à l'âme de construire, fera, des êtres, des iconoclastes. L'iconoclasme, de par son caractère destructif, ne peut rien donner ; il ne peut que détruire. Mais l'homme ne peut se contenter d'une pure négation. L'agnosticisme n'est qu'une halte momentanée. Le moment est venu de guider l'impulsion cyclique qui doit se produire, et qui lancera notre siècle dans un athéisme extrême, ou le ramènera à un sacerdotalisme extrême, s'il n'est pas conduit vers la philosophie primitive des Aryens, qui satisfait l'âme. Vous pouvez contribuer à fournir les matériaux pour une philosophie religieuse universelle bien nécessaire ; invulnérable aux assauts scientifiques, parce qu'étant elle-même la finalité de la science absolue ; une religion vraiment digne de ce nom puisqu'elle comprend les relations de l'homme physique avec l'homme psychique, et des deux avec tout ce qui se trouve au-dessus et au-dessous d'eux. Ceci n'est-il pas digne d'un léger sacrifice ? Et si, réflexion faite, vous décidiez d'accepter cette carrière nouvelle, sachez bien que votre société ne sera pas un club de miracles ou de banquets, pas plus qu'elle ne s'adonnera spécialement à l'étude des phénomènes. Son but principal sera de déraciner les superstitions et le scepticisme courants, et de tirer la preuve, de sources anciennes, depuis longtemps cachées, que l'homme est capable de modeler sa destinée future, et de savoir avec certitude qu'il peut vivre dans l'au-delà, s'il le veut seulement, et que tous les « phénomènes » ne sont que des manifestations de la loi naturelle qu'il est du devoir de tout être intelligent d'essayer de comprendre.
© Textes Théosophiques – Cahier Théosophique n°4.