Chaque membre un centre

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Il y a quelques années, un de ces Maîtres en qui tant de nos membres croient, fit écrire une lettre par H.P. Blavatsky, en son nom, à un certain groupe de théosophes. Chaque membre, dit-il dans cette lettre, s’il est zélé, sincère et désintéressé, pourrait devenir dans sa ville ou cité, un centre actif d’où rayonneraient des forces invisibles puissantes qui influenceraient en bien les habitants des environs ; bientôt, des personnes s’informeraient de ce qu’est la Théosophie ; une branche serait créée, et le voisinage tout entier en profiterait. Ceci nous paraît juste et raisonnable, indépendamment de la haute autorité d’où cette assertion émane, et les membres devraient y réfléchir sérieusement, afin d’amener la réaction désirable.

Trop de personnes se croyant seules au point de vue théosophique dans leur ville, se sont contentées de se croiser les bras, et d’enfermer à double tour leurs connaissances mentales, se disant qu’il n’y avait rien à faire, et que personne ne se souciait de la Théosophie dans leur entourage, et que de plus, cette ville particulière était « la plus impropre au travail » qu’on pût trouver. La grande erreur dans ces cas, c’est d’oublier la loi signalée dans les écrits de H.P. Blavatsky, cette loi, que chaque membre devrait connaître, enseigne que le mental de l’homme est capable d’emmener des résultats par l’intermédiaire d’autres mentaux autour de lui. Si nous nous bornons à penser qu’il n’y a rien à faire, notre mental subtil ira toucher d’autres mentaux qui se trouvent dans sa vaste  sphère d’influence et leur criera : « Il n'y a rien à faire ». Fatalement alors, aucun résultat ne peut être atteint. Mais si nous pensons constamment à la Théosophie, avec ardeur et renoncement, et désirons que d’autres en reçoivent comme nous les bienfaits, nous répétons, « Théosophie » et  « Aide et espoir pour vous », aux mentaux que nous influençons à  nos moments perdus de la  journée, ou durant les longues heures de la nuit. Il en résultera un éveil de l’intérêt pour la Théosophie, qui se manifestera à la première occasion la plus insignifiante.

Une telle attitude intérieure, jointe à tous les efforts possibles de diffusion, révélera la présence insoupçonnée de nombreuses personnes qui  pensent exactement en ce sens. C’est ainsi que nous profitons de l’opportunité qui nous est offerte en ce moment.

Notre dernier congrès à marquer une étape : celle qui met fin à la lutte et ouvre de nouveaux horizons, celle qui élargit et encourage la recherche sympathique du grand public. Voilà certes une occasion admirable. Les branches comme les membres devraient se lever en masse de s’unir pour tirer tout le profit possible de ces circonstances. Rappelez-vous que nous ne luttons pour aucune forme d’organisation, ni pour une bannière, ni pour des fins personnelles et mesquines, mais pour la Théosophie ; pour l’avantage, le profit et le bonheur de nos semblables. Ainsi qu’on l’a dit il y a bien longtemps, ceux d’entre nous qui se contentent de s’affilier à une organisation et de la vénérer, créent des idoles, et adorent une coque vide. Le renoncement doit être la véritable note tonique.

Ceux qui cherchent encore, après des années d’instruction théosophique, le progrès personnel ; ceux qui désirent avant tout, leur propre avancement dans le côté occulte de la vie, détruisent en eux, le privilège que nous avons cité en premier lieu, celui d’être un centre vivant et palpitant de lumière et d’espoir pour les autres. Et ceux qui aspirent ainsi au succès pour eux-mêmes, diminuent de la sorte leur chance de réussite dans leur prochaine vie ici sur terre. Fermez les rangs ! Que chaque membre soit un centre, chaque branche un centre ; et le tout un vaste centre tourbillonnant de lumière, de force et d’énergie pour le plus grand bien de la nation et de la race.

                                                                                                 W.Q. Judge

(Cet article fut publié pour la première fois par Mr Judge dans la revue américaine The Path d’octobre 1895. Cet article est paru en français dans la revue Théosophie de novembre 1925)