Ce que les Maîtres ont-dit
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Un article parlant du Colonel Olcott, qui parut en 1888 dans cette revue [1], signalait certains passages des lettres écrites par des Adeptes à M. Sinnett, à un moment où l’on reprochait à la Société de ne pas prêter assez d’attention aux hommes de sciences, et à la science elle-même. Depuis l’époque où ces lettres ont été écrites, de nombreuses personnes se sont affiliées à la Société Théosophique, et sa sphère d’action s’est énormément étendue. Et maintenant comme alors, les travailleurs commencent à attacher trop d’importance au côté intellectuel de la Théosophie, et trop peu à cet aspect sur lequel les Maîtres qui se tiennent derrière la Société, ont tant insisté, et que H.P.Blavatsky [H.P.B.] appelle la « doctrine du cœur » dans la Voix du Silence. D’autres ont répondu qu’ils ne tenaient pas à la doctrine du cœur, et désiraient que la Théosophie soit avant tout scientifique.
Voyons un peu ce que les Maîtres ont écrit à ce sujet, nous qui croyons en Eux.
Quand ces lettres furent écrites à la Loge de Simla, on objectait aux Théosophes qu’il était grand temps de changer de tactique et de travailler pour les hommes de science, et que de plus, il existait une sorte de répulsion entre Hindous, considérés comme des noirs, et les Européens, ainsi qu’une condamnation ouverte des méthodes employée par les Adeptes, après avoir consulté d’autres Adeptes beaucoup plus élevés qu’Eux, disait entre autre :
« Aucun messager de vérité, aucun prophète n’a jamais atteint le succès complet en sa vie, pas même Bouddha. La Société Théosophique fut choisie comme pierre angulaire, comme fondement de la religion future de l’humanité. Pour réaliser cet objet, une fusion plus grande, plus vaste, et surtout plus charitable des classes élevées et des classes inférieures, de l’alpha et de l’oméga de la société, fut décidée. »
Qui prit cette décision ? Les Adeptes et ceux qui se tiennent derrière Eux, c'est-à-dire pour les Théosophes : les Dhyan Choans, qui ont le contrôle de ces questions. Pourquoi cette décision fut-elle prise ? Parce que le monde est plongé dans la souffrance, et dans cet égoïsme qui empêche une partie de la société d’aider l’autre. La lettre continue :
« La race blanche doit être la première à tendre une main fraternelle aux races sombres. Cette perspective peut ne pas sourire à tous. Celui qui s’oppose à ce principe n’est pas Théosophe,…et c’est nous, les humbles disciples de ces Lamas parfaits, qui permettrions que la Société Théosophique perde son noble titre de Fraternité de l’Humanité, pour devenir une simple école de philosophie ! Sachons-nous comprendre. Que celui qui ne se sent pas capable de saisir cette noble idée, et de travailler pour la réaliser, n’entreprenne pas une tâche trop lourde pour lui. »
Il n’est presque pas possible de mesurer l’ironie profonde de ces paroles, ni de comprendre à fond toute l’opportunité à laquelle elles font allusion, ni l’arrêt dans le progrès que pourrait occasionner leur négligence. Ces paroles s’appliquent à tous, et non seulement à ceux pour qui elles furent écrites, car ce que les Maîtres disent a toujours une signification universelle, La lettre poursuit encore :
« Mais il serait difficile de trouver un seul Théosophe dans toute la Société qui ne puisse l’aider efficacement en corrigeant l’impression erronée des profanes, s’il ne peut lui-même répandre l’idée. »
Plus tard, quand H.P.B. était en Allemagne, certains vinrent lui demander ce qu’ils pourraient faire, comment ils pourraient travailler, et quelle « sphère d’influence » ils devraient rechercher. Le Maître connu sous les initiales K.H., écrivit une lettre à l’un d’entre eux, et envoya en même temps à d’autres, des copies de cette lettre avec d’amples annotations. Une partie en a été reproduite depuis peu dans la revue allemande : le Sphinx. Le Maître y dit notamment :
« Des sphères d’influence se rencontrent partout. Le premier objet de la Société Théosophique est la philanthropie. Le vrai Théosophe est un Philanthrope, qui « ne vit pas pour lui-même mais pour le monde ». Ceci joint à la philosophie et à une juste compréhension de la vie et de ses mystères, fournira la « base nécessaire », et montrera le vrai sentier à suivre. Toutefois, la meilleure « sphère d’influence » pour l’aspirant est actuellement en son propre pays. »
L’allusion à une base et à une sphère d’influence visait ceux qui prétendaient qu’une préparation scientifique très longue était nécessaire comme base et sphère de travail. mais la réponse montre que l’Adepte n’était pas de cet avis, et que pour lui, le travail devait s’accomplir selon la doctrine du cœur. Voici maintenant quelques-unes des remarques supplémentaires annexées à l’une des copies de la lettre :
« L’allusion à la « philanthropie » doit être comprise dans son sens le plus large, et comme visant à attirer l’attention sur l’absolue nécessité de suivre la « doctrine du cœur » par opposition à la « doctrine de l’œil ». Précédemment, j’avais écrit que notre Société ne devait pas être une simple école intellectuelle d’occultisme, et nos supérieurs ont dit que ceux qui trouvaient trop dure la tâche de travailler pour les autres, ne devaient pas l’entreprendre. Les souffrances morales et spirituelles du monde sont plus importantes, et ont plus besoin d’aide et de remède que la science ne requiert notre appui dans aucun champ de découverte. « Que celui qui a des oreilles pour entendre, écoute ». – K .H.
Après dix-sept ans de travail, il est temps que la Société prenne en considération les paroles de ces Maîtres de Sagesse qui ont montré la voie, et indiqué les « directives originales » à suivre. Ce sont ceux qui ne les suivent pas qui sont mécontents de notre travail, et ceux qui s’efforcent de les suivre, sentent et savent que l’aide est toujours offerte au Théosophe sincères, à celui qui cherche non seulement à comprendre la philosophie, mais aussi à l’appliquer en donnant l’exemple de la pratique de la doctrine de Fraternité Universelle.
« UN DE CEUX QUI REÇURENT LA LETTRE. »
Cet article fut publié par M. Judge dans le Path de février 1893. Revue Théosophie volume II, revue n°8
[1] Path, vol. III, p. 12. [retour texte]