Alchimie (Alchimie)

En arabe, Ul-Khemi : comme le nom le suggère, c'est la chimie de la Nature. Cependant, Ul-Khemi ou Al-Kimia est en fait un mot arabisé venant du grec  [chèméia] ou [chuméia], de [chumos], suc extrait d'une plante.

L'Alchimie opère avec les forces subtiles de la Nature et les diverses conditions de la matière où on les trouve à l'œuvre.En cherchant, sous le voile du langage plus ou moins artificiel, à transmettre au non-initié autant du Mysterium Magnum qu'il est prudent de le faire sans risques dans les mains d'un monde égoïste, l'Alchimiste postule, comme son premier principe, l'existence d'un certain Solvant Universel, par l'effet duquel tous les corps composés se résolvent dans la substance homogène d'où les éléments sont venus à l'existence. Cette substance, il l'appelle or pur, ou summum materiae. Quant au solvant (également dénommé menstruum universale), il possède le pouvoir d'extraire du corps humain tous les germes de maladie, de renouveler la jeunesse et de prolonger la vie. Telle est la pierre philosophale (lapis philosophorum). L'Alchimie a été introduite en Europe d'abord par Geber [Jâbir ibn Hâyyan], le grand sage et philosophe arabe, au 8ème siècle de notre ère ; mais, depuis de longs âges, elle avait été connue et pratiquée en Chine et en Égypte. De nombreux papyrus traitant d'Alchimie, et d'autres témoignages prouvant qu'elle était le sujet d'étude favori des rois et des prêtres, ont été exhumés et préservés, sous l'appellation générique de « traités hermétiques » (voir la Table d'émeraude). L'étude de l'Alchimie comprend trois aspects distincts, susceptibles de maintes interprétations différentes : il s'agit des aspects cosmique, humain et terrestre.

Ces trois voies d'approche ont été caractérisées en les rapportant aux trois propriétés alchimiques rangées sous les termes soufre, mercure et sel. À ce sujet, les auteurs ont des vues différentes sur les voies qu'ils dénombrent — trois, sept, dix ou douze — mais ils tombent tous d'accord sur un point : en Alchimie, le seul but est la transmutation des métaux vils en or pur. Cependant, sur la nature réelle de cet or, très peu de gens ont une compréhension correcte. Il n'y a pas de doute qu'il se produise dans la Nature un phénomène comme la transmutation du métal grossier en métal plus noble ; cependant, ce n'est là qu'un aspect de l'Alchimie — son côté terrestre ou purement matériel, car nous voyons logiquement le même processus se réaliser dans les entrailles de la terre. Mais, à côté de cette Interprétation, et bien au-delà, il existe dans l'Alchimie une signification symbolique, purement psychique et spirituelle. Pendant que l'Alchimiste-Kabbaliste se préoccupe de réaliser le premier objectif, l'Alchimiste-Occultiste*, méprisant l'or de la terre, tourne toute son attention et ses efforts exclusifs vers la transmutation du quaternaire* inférieur en la trinité* supérieure divine de l'homme, qui donne lieu à une unité lorsque la fusion finale est réalisée. En Alchimie, les plans spirituels, mental, psychique et physique de l'existence humaine sont comparés aux quatre éléments — feu, air, eau et terre — chacun pouvant présenter une constitution triple — fixe, mutable et volatile. Le monde ne sait à peu près rien en ce qui concerne l'origine de cette branche archaïque de philosophie, mais il est certain qu'elle précède la construction de tous les zodiaques connus — et probablement aussi toutes les mythologies du monde, si on l'envisage dans ses rapports avec les forces personnifiées de la Nature. Il n'y a pas non plus de doute que les vrais secrets de la transmutation (sur le plan physique) ont été connus jadis et ensuite perdus, avant l'aube de ce qu'on appelle la période histonque. La chimie moderne doit à l'Alchimie ses meilleures découvertes fondamentales, mais, sans prendre en considération l'indéniable affirmation alchimique qu'il n'existe qu'un seul élément dans l'univers, la chimie a placé les métaux dans la classe des éléments et elle commence seulement maintenant à découvrir son erreur grossière. Même certains encyclopédistes se trouvent forcés de confesser que, si la plupart des récits de transmutation relèvent de la fraude ou de l'illusion, il y en a pourtant certains qui s'accompagnent de témoignages qui les rendent probables. Avec la batterie galvanique, on a découvert que même les alcalis ont une base métallique. La possibilité d'obtenir un métal à partir d'autres substances qui renferment les ingrédients qui le composent, de changer un métal en un autre (...) doit donc demeurer comme une question ouverte. Il n'y a pas lieu non plus de considérer tous les alchimistes comme des imposteurs. Beaucoup ont eu la conviction de pouvoir atteindre leur but, avec une infatigable patience et une inaltérable pureté de cœur — ce qui est à bon droit recommandé par les alchimistes comme la principale condition requise pour le succès de leurs travaux » (Popular Encylopaedia).