Contemplation

par Espace Théosophie
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Il semble qu'une mauvaise compréhension du sens de ce terme soit très répandue dans le public. Il apparaît, en effet, que l'idée populaire comprend la contemplation comme le fait de s'enfermer pendant une demi-heure, ou tout au plus deux heures, dans une chambre particulière, et de fixer passivement son regard sur le bout de son nez, sur un point du mur, ou éventuellement sur un morceau de cristal. On pense que c'est là la vraie forme de contemplation prescrite par le Raja Yoga : on ne réalise donc pas que le véritable occultisme exige que le développement sur les plans « physique, mental, moral et spirituel » se poursuive suivant des lignes parallèles. Si cette conception étroite était étendue à chacune de ces lignes, la nécessité du présent article ne se ferait pas sentir d'une façon si urgente. Cette mise au point est écrite spécialement pour le bien de ceux qui semblent ne pas avoir saisi la signification véritable de Dhyana (1), et qui ont attiré sur eux-mêmes, ou sont en train de s'attirer, la souffrance et la misère, comme résultats de leurs pratiques erronées. Il peut être utile de mentionner ici quelques exemples, à titre d'avertissement à nos étudiants trop zélés.

L'auteur a rencontré, à Bareilly, un certain Théosophe de Farrukhabad, qui lui a narré ses expériences, en versant des larmes amères de repentir sur ses folies passées — comme il les appelait. Il semblerait, d'après son récit, qu'après avoir lu la Bhagavad-Gîtâ, il y a environ quinze a vingt ans de cela, sans comprendre d'ailleurs le sens ésotérique de la discipline de contemplation qui y est prescrite, cette personne se soit mise néanmoins à la pratiquer, en poursuivant son effort pendant plusieurs années. Au début, il expérimenta un sentiment de plaisir; mais il se rendit compte en même temps qu'il perdait graduellement son contrôle sur lui-même, jusqu'à ce qu'il découvre, au bout de plusieurs années de pratique, à sa grande surprise et a son grand dam, qu'il n'était plus son propre maître. Il sentit véritablement son cœur devenir plus lourd, comme si on l'avait chargé d'un fardeau. Il n'avait aucun contrôle sur ses sensations ; en fait, la communication entre le cerveau et le cœur était devenue comme interrompue. Les choses allant en empirant, dégoûté il mit un terme à sa « contemplation ». Ceci remonte à sept ans au moins ; et, bien que depuis il ne se soit pas senti plus mal, il n'a jamais pu retrouver son état primitif normal de santé mentale et corporelle.

Un autre cas s'est présenté à l'auteur à Jubbulpore. Après avoir lu Patanjali et d'autres œuvres de ce genre, le personnage en question commença à se livrer à la « contemplation ». Au bout de peu de temps, il se mit à avoir des visions anormales et à entendre des clochettes harmonieuses, mais jamais il ne lui était possible d'exercer de contrôle sur ces phénomènes ni sur ses propres sensations. Il était incapable de produire ces résultats à volonté, ni d'ailleurs de les arrêter une fois qu'ils apparaissaient. On pourrait citer encore un grand nombre d'exemples de ce genre. Tandis même qu'il écrit ces lignes, l'auteur a sur sa table deux lettres sur le sujet en question, l'une de Moradabab et l'autre de Trichinopoly. En résumé, tout le mal vient de ce que l'on comprend mal le genre de contemplation prescrite aux étudiants par toutes les écoles de Philosophie Occulte. En vue de faire parvenir une lueur de réalité à travers le voile épais qui enveloppe les mystères de cette Science des sciences, un article a été écrit, l'Elixir de Vie. Malheureusement, le bon grain semble n'être que trop souvent tombé sur un terrain stérile. Certains de ceux qui le lisent ne font que retenir le passage suivant de l'article :

    « Raisonnant du connu à l'inconnu, on doit pratiquer et encourager la méditation ».

Mais, hélas !... leurs idées préconçues les ont empêchés de comprendre ce que l'on veut dire par méditation. Ils oublient que la méditation dont il s'agit est, comme le montre la phrase suivante, « le désir inexprimable de l'homme intérieur de s'en aller vers l'infini ; ce qui dans les temps anciens était le sens réel du mot adoration ». Une lumière suffisante serait jetée sur ce sujet si le lecteur voulait se reporter à ce qui précède le passage cité dans cet article, et lire attentivement les paragraphes suivants, page 141 de la revue Theosopnist, de mars 1883 (Volume III, n° 6) :

« Nous voici donc arrivés au point où nous avons résolu — littéralement parlant et non métaphoriquement — de briser la coque extérieure connue comme l'enveloppe mortelle, ou le corps, et d'en sortir revêtus de notre nouvelle enveloppe. Cette « nouvelle » enveloppe n'est pas un corps spirituel mais seulement une forme plus éthérée. Ayant adapté ce corps, par un entraînement poussé et une longue préparation, à vivre dans cette atmosphère, tandis que nous avons fait mourir graduellement la coque extérieure par un certain processus... nous devons nous préparer pour cette transformation physiologique.

« Comment devons-nous y nous prendre ? Nous avons d'abord à nous occuper du corps actuel, visible, matériel, de ce que l'on appelle l'homme, bien que ce n'en soit que sa carapace. Rappelons-nous cet enseignement de la science que dans l'intervalle de sept ans environ, nous changeons de peau, ni plus ni moins que les serpents ; et cela d'une manière tellement graduelle et imperceptible que, sans l'assurance que la science nous en donne après des années d'études et d'observations infatigables, nul n'aurait le moindre soupçon du fait... Il s'ensuit que si un homme, en partie écorché vivant, peut parfois survivre et se recouvrir d'une peau neuve, de la même façon il est possible d'amener notre corps vital, astral, à durcir ses particules pour résister aux variations atmosphériques. Tout le secret est de réussir à le dégager, à le séparer du corps visible; et, pendant que ses atomes généralement invisibles se prennent peu à peu en une masse compacte, à nous débarrasser graduellement des vieilles molécules de notre corps, en les faisant mourir et disparaître avant que les nouvelles aient eu le temps de se former et de les remplacer... Nous ne pouvons en dire davantage ».

Une compréhension correcte de ce procédé scientifique nous donnera le fil de la signification ésotérique des mots méditation et contemplation. La science nous enseigne que le corps physique de l'homme change continuellement, et ce changement est tellement graduel qu'il est presque imperceptible. Pourquoi en serait-il autrement de l'homme intérieur ? Lui aussi est constamment en train de se développer et de changer ses atomes à tout moment. Et l'attraction des nouvelles couches d'atomes a lieu d'après la Loi d'Affinité, les désirs de l'homme attirant exclusivement vers leur habitation corporelle les particules qui sont en rapport avec eux-mêmes, ou plutôt donnant à ces particules leur propre tendance et coloration.

« Car la science nous montre que la pensée est dynamique; sa force, se développant par une action nerveuse, s'épanche vers l'extérieur et doit affecter les rapports moléculaires de l'homme physique. Les hommes intérieurs, aussi sublimé que puisse être leur organisme, sont pourtant composés de particules réelles et non hypothétiques, et sont encore soumis à cette loi qu'une « action » a une tendance à se répéter ; une tendance à produire une action analogue dans « l'enveloppe » plus grossière qui les cache, et avec laquelle ils sont en contact intime ». (L'Elixir de Vie). 

Quel est le but vers lequel l'aspirant du Yoga-Vidya dirige ses efforts si ce n'est d'obtenir Mukti (2), en se transférant lui-même graduellement du corps matériel plus grossier au suivant, plus éthéré, jusqu'à ce que, les voiles de Mâyâ étant successivement écartés, son Atmâ devienne un avec Paramâtmâ. Et suppose-t-il que ce résultat magnifique puisse être atteint par une contemplation de deux ou quatre heures ? Pendant les vingt ou vingt-deux heures qui restent, et où notre dévot ne s'enferme pas dans sa chambre pour méditer, est-ce que l'opération de l'émission des atomes et de leur remplacement par d'autres est suspendue ? Sinon, comment alors se propose-t-il pendant tout ce temps d'attirer ceux-là seuls qui conviennent à son but ? Il est évident d'après ces remarques que, de même que le corps physique demande une attention incessante pour que la maladie n'y puisse entrer, de même, l'homme intérieur exige une surveillance sans relâche, afin qu'aucune pensée consciente ou inconsciente ne puisse attirer d'atomes impropres à ses progrès. Tel est le vrai sens de contemplation. Le principal facteur dans la direction de la pensée est la VOLONTE.

« Sans cela, tout le reste est inutile. Et pour réussir, il ne faut pas seulement une résolution passagère, un désir violent mais de courte durée et sans lendemain ; il faut un effort résolu et ininterrompu, que l'on doit soutenir, dans toute la limite du possible, avec une concentration qui ne souffre pas un seul instant de relâchement ».

L'étudiant ferait bien de retenir le passage en italique dans cette citation. Il devrait aussi imprimer ceci profondément dans son esprit :

« Il est inutile de jeûner aussi longtemps que vous avez besoin de nourriture... L'essentiel est de se débarrasser du désir intime ; sans cela, feindre la réalité n'est qu'impudente hypocrisie et esclavage inutile ».

Sans comprendre la portée de ce fait capital, il en est qui, venant d'avoir des désagréments avec un membre de leur famille, ou par vanité blessée, ou bien dans un élan passager de sentimentalisme, ou enfin dans l'égoïste désir d'employer à des desseins matériels le pouvoir divin, se lancent tout d'un coup dans la contemplation, et se brisent sur le roc qui sépare le connu de l'inconnu. Se vautrant dans le bourbier de l'exotérisme, ils ignorent ce qu'est vivre dans le monde sans cependant être de ce monde ; en d'autres termes, préserver le soi contre le soi est une expression presque incompréhensible pour le profane. L'Hindou devrait au moins comprendre ceci, en se rappelant la vie de Janaka, qui, bien que monarque, reçut le titre de Râjarshi (3) et atteignit, dit-on, au Nirvâna. Quelques sectaires bigots, ayant eu connaissance de son immense réputation, vinrent à sa cour pour éprouver son pouvoir de Yoga. Aussitôt qu'ils furent entrés dans la salle d'audience, le roi, ayant lu leurs pensées — pouvoir que tous les chélas [disciples] obtiennent à un certain moment — donna à ses serviteurs des instructions secrètes pour que telle rue de la ville fût bordée de chaque côté de danseuses qui avaient ordre de chanter les airs les plus voluptueux. Puis il fît remplir jusqu'au bord quelques gharas (cruches), de façon telle que la moindre secousse pouvait faire déborder l'eau. Il ordonna qu'on fît passer les prétendus sages le long de la rue en question, chacun portant un ghara sur la tête, et entourés de soldats, l'épée à la main, prêts à s'en servir contre eux s'ils laissaient tomber une seule goutte. Les pauvres gens revinrent au palais après s'être tirés de l'épreuve, et le Roi Adepte leur demanda ce qu'ils avaient trouvé de remarquable dans la rue où on les avait fait passer. Avec une grande indignation, ils répondirent que la menace d'être coupés en morceaux les avait tellement impressionnés qu ils n'avaient pensé à rien d'autre qu'à l'eau qu'ils portaient sur la tête; l'intensité de leur attention ne leur avait pas permis de prendre connaissance de ce qui se passait autour d'eux. Sur quoi Janaka répliqua qu'il leur était facile de comprendre, d'après le même principe, comment, bien qu'extérieurement engagé dans la direction des affaires de l'État, il lui était possible d'être en même temps un Occultiste. Lui aussi, tout en étant dans le monde, n'était pas du monde. En d'autres termes, ses aspirations intimes n'avaient cessé de le conduire au but où se trouvait concentré son soi intérieur tout entier.

Le Raja-yoga n'encourage pas la simulation, ne demande pas de postures physiques, mais compte avec l'homme intérieur dont la sphère est le monde de la pensée. Avoir le plus haut idéal placé devant soi et s'efforcer sans relâche de s'y élever, telle est la seule véritable concentration reconnue par la Philosophie Ésotérique, qui s'occupe du monde intérieur des noumènes, non de l'enveloppe extérieure des phénomènes.

La première chose pour cela est l'absolue pureté de cœur. L'étudiant en Occultisme peut bien dire avec Zoroastre que la pureté de pensée, la pureté de parole et la pureté d'action sont les choses essentielles pour quiconque veut s'élever au-dessus du niveau ordinaire et rejoindre les « dieux ». Cultiver le sens généreux de la philanthropie c'est marcher sur le sentier qui mène a ce but. C’est le seul sentiment qui conduise à l'Amour Universel ; la réalisation progressive de cet Amour constitue la marche vers la délivrance des chaînes forgées par Maya (l'illusion) autour de l'Ego. Aucun étudiant ne peut y arriver du premier coup; mais comme dit notre VÉNÉRÉ MAHÂTMA dans le Monde Occulte (4) :

« Plus grand sera le progrès vers la délivrance, plus s'affaiblira cette sensibilité partielle, jusqu'à ce que, pour couronner l'œuvre, tous les sentiments personnels humains, purement individuels, liens du sang et de l'amitié, patriotisme et prédilection de race, arrivent à se fondre en un sentiment universel, le seul vrai et saint, le seul qui ne soit pas égoïste et qui soit éternel : l'Amour, un Immense Amour pour l'Humanité tout entière ».

En un mot, l'individu se fond dans le TOUT.

D'ailleurs, la contemplation telle qu'elle est généralement comprise, n'est pas sans ses avantages secondaires. Elle développe des facultés physiques d'un certain ordre, comme la gymnastique développe les muscles. Elle n'est pas mauvaise pour ceux qui s'occupent de magnétisme animal, mais elle ne peut en aucune façon aider le développement des facultés psychologiques, comme le comprendra le lecteur réfléchi. Et, en même temps, même pour obtenir des résultats ordinaires, on ne peut jamais être trop prudent au sujet de sa pratique. Si l'on doit, comme certains le supposent, se rendre entièrement passif et se perdre dans l'objet qu'on a devant soi, il faut se souvenir qu'en encourageant ainsi la passivité, on provoque, en fait, le développement des facultés médiumniques en soi-même. Comme il a été maintes fois répété, l'Adepte et le Médium sont les deux Pôles opposés; tandis que l'activité du premier est intense et le rend capable de commander aux forces élémentales, la passivité du second n'est pas moins intense, et l'expose à tomber en proie au caprice et à la malveillance d'embryons malfaisants d'êtres humains et d'élémentaires.

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Malgré les précisions données sur ce sujet dans l'article paru dans le numéro de février du Theosophist, il semble que de nombreux lecteurs continuent de penser que la « contemplation » est une façon particulière d'observer ou de fixer le regard sur quelque chose, et qu'en se livrant à cette pratique un certain nombre d'heures par jour, on parvient à obtenir des pouvoirs d'ordre psychologique. Cette mauvaise compréhension provient apparemment du fait que l'on a perdu de vue le principal point discuté. Au lieu de bien réaliser que cet article ne vise qu'à apporter une seule idée maîtresse, en la développant sous nombre de ses aspects, on imagine au contraire, semble-t-il, que presque chaque phrase exprime une idée tout à fait distincte. Il semble donc qu'il n'est pas sans intérêt ni profit de reprendre ce sujet et de présenter la même idée en se plaçant sous un autre angle et sous une lumière plus claire si possible. Il faut d'abord se pénétrer de l'idée que l'auteur de l'article n'entend absolument pas désigner par le mot « contemplation » l'action de considérer avec les yeux. Si telle était l'idée c'est l'expression « observation attentive » qui aurait été employée. Le dictionnaire The Imperial Dictionary of the English (1883) définit le mot contemplation comme il suit :

(l) L'action du mental qui considère avec attention ; méditation ; étude ; attention continue du mental sur un sujet particulier.

D'une façon spécifique :

(2) Méditation sacrée ; attention prêtée aux choses «  sacrées ».

L'édition entièrement révisée du dictionnaire de Webster donne également le même sens.

Ainsi nous constatons que la contemplation est « l'attention continue du mental sur un sujet particulier », et, d'un point de vue religieux, « l'attention prêtée aux choses sacrées ». Il est donc difficile de se représenter comment l'idée d'observer avec les yeux ou de fixer du regard a pu en venir à s'associer au mot contemplation, à moins que ceci soit dû à ce que, généralement, lorsqu'on est profondément absorbé en pensée, on donne l'impression d'observer attentivement ou de fixer quelque chose dans le vague. Mais cette attitude n'est que l'effet de l'acte de contemplation. Et, comme il arrive d'ordinaire, ici encore l'effet semble confondu avec la cause. Comme la fixation du regard suit l'acte de contemplation, on s'empresse de penser que cette attention du regard est la cause qui produit la contemplation !

Gardons ceci clairement en pensée et voyons maintenant le genre de contemplation (ou de méditation) recommandé par l'Élixir de Vie à l'aspirant à la connaissance occulte :

« Raisonnant du connu à l'inconnu, la méditation doit être pratiquée et encouragée ».

Ceci veut dire que la méditation du chela devrait consister en un « raisonnement du connu à l'inconnu ». Le « connu » est le monde phénoménal, connaissable par nos cinq sens. Toutes les choses que nous voyons dans ce monde manifesté sont des effets dont il faut chercher les causes dans le « monde inconnu », nouménal et non manifesté ; cette recherche doit s'accomplir par la méditation, c'est-à-dire par une attention continue sur ce sujet. L'occultisme ne repose pas sur une méthode unique : il emploie aussi bien la déduction que l'induction. L'étudiant doit d'abord apprendre les axiomes généraux. Pour commencer, bien entendu, il devra prendre ces axiomes comme des hypothèses, s'il préfère les appeler de ce nom. Comme le dit l'Élixir de Vie :

« Tout ce que nous avons à dire c'est que si vous êtes anxieux de boire de l'Élixir de Vie, et de vivre un millier d'années par exemple, vous devez nécessairement nous croire sur parole, pour le moment tout au moins, et travailler en vous appuyant sur ces hypothèses. Car la science ésotérique ne laisse pas le moindre espoir d'arriver un jour au but désiré par aucune autre voie; tandis que la science moderne, dite exacte, tourne la science secrète en dérision ».

Ces axiomes ont été suffisamment établis dans les articles sur l'Élixtr de Vie et divers autres traitant de l'occultisme dans le Theosophist. Le premier pas pour l'étudiant consiste à comprendre ces axiomes, et, par la méthode déductive, de procéder de l'universel au particulier. Il faut ensuite raisonner « du connu à l'inconnu », et voir si la méthode inductive, procédant du particulier à l'universel, confirme ces axiomes. C'est là la phase élémentaire de la vraie contemplation. L'étudiant doit bien saisir le sujet intellectuellement avant de pouvoir espérer réaliser ses aspirations. Cela fait, vient la seconde phase de la méditation, qui est « le désir inexprimable de l'homme intérieur d'aller vers l'infini ». Avant qu'aucune aspiration de ce genre puisse être convenablement dirigée, le but vers lequel elle doit tendre, doit être bien déterminé. De fait, la plus haute phase consiste à réaliser pratiquement ce que les premiers pas ont mis à la portée de la compréhension. En résumé, la contemplation, au vrai sens du mot, consiste à reconnaître la vérité de ce que dit Eliphas Lévi :

« Croire sans savoir est faiblesse ; croire parce que l'on sait est pouvoir ».

En d'autres termes, il faut réaliser que « CONNAISSANCE EST POUVOIR ». L'Élixir de Vie ne se contente pas de placer devant le lecteur les premiers degrés de l'échelle de la contemplation, il lui donne aussi le moyen de comprendre les stades supérieurs. Il indique, par le processus de la contemplation, la relation qui unit l'homme, le « connu », le manifesté, le phénomène, à « l'inconnu », le non-manifesté, le noumène. Il montre à l'étudiant quel idéal contempler et comment s'y élever. Il lui met devant les yeux la nature de ses facultés intérieures et la manière de les développer. Ceci peut sembler au lecteur superficiel le comble de l'égoïsme. La réflexion, ou la contemplation, montre que c'est tout le contraire. Car il est enseigné à l'élève que pour comprendre le nouménal, il doit s'identifier avec la Nature; qu'au lieu de se considérer comme un être isolé, il doit apprendre à se regarder comme une partie du TOUT INTÉGRAL. Car, dans le monde non manifesté, on peut clairement percevoir que tout est contrôlé par la « Loi d'Affinité », par l'attraction des uns pour les autres. Là, tout est Amour Infini, compris dans son sens véritable.

Il n'est peut-être pas inutile de résumer ce que nous venons de dire. La première chose à faire est d'étudier les axiomes de l'Occultisme et de les soumettre à l'examen par les méthodes déductive et inductive, ce qui constitue la véritable contemplation. Pour faire prendre à celle-ci une forme utile, il faut réaliser en pratique ce qui a été compris en théorie.

Cette explication, nous l'espérons, pourra éclairer le sens de l'article précédent sur ce sujet.

DAMODAR K. MAVALANKAR.

1 État d'abstraction qui conduit l'ascète le pratiquant bien au-dessus de notre plan de perceptions sensorielles et au delà du monde de matière. (N. d. Ed.). [retour texte]

2 La libération finale (N. d. Ed.). [retour texte]

3 Roi-Adepte (N. d. Ed.). [retour texte]

4 Édition Française, page 200 (N. d. Ed.). [retour texte]