À tous les Théosophes d’esprit impartial
- par Espace Théosophie
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(Le mémorandum préliminaire présenté ci-après fut rédigé par Robert Crosbie quelque temps avant la formation de la "Loge Unie des Théosophes". Il fut adressé personnellement à de nombreux théosophes, le 17 novembre 1908.)
À tous les Théosophes d’esprit impartial
Lorsque les Messagers quittèrent la scène terrestre, tout ce qui fut laissé ici était le Message (exotérique et ésotérique) et ses étudiants, plus ou moins avancés dans l'assimilation de ce Message.
La Société Théosophique, avec l'exemple altruiste des Messagers et l'inspiration du Message, aurait dû être capable de rester ferme et unie.
Malheureusement, l'histoire offre une autre version ; le processus de désintégration commença immédiatement et continue encore, et une grande opportunité a été perdue d'imprégner le monde de l'esprit et de la vie du Message, parce que les choses essentielles ont été négligées pour poursuivre des choses non-essentielles.
On a perdu de vue le rapport direct du Premier But — le plus important de tous, les autres n'étant que subsidiaires — avec toutes les différences et les changements survenus. « Former un noyau de Fraternité Universelle sans aucune distinction » fut et est toujours la clef de la situation. Qu'il me soit permis de citer quelques passages du dernier Message d'H.P. Blavatsky aux Théosophes Américains, en avril 1891 :
« Le caractère critique de l'étape que nous franchissons est aussi bien connu des forces qui luttent contre nous que de celles qui luttent à nos côtés. Aucune occasion ne sera perdue pour semer la discorde, profiter des erreurs et des faux pas, inculquer le doute, augmenter les difficultés et insuffler la suspicion, afin de rompre, par tous les moyens possibles, l'unité de la Société, éclaircir les rangs de nos membres en jetant parmi eux le désarroi. Jamais il n'a été plus nécessaire que maintenant, pour les membres de la Société Théosophique, de prendre à cœur l'ancienne parabole du faisceau de verges : divisées, elles seront inévitablement brisées l'une après l'autre ; unies, il n'y aura aucune force sur la terre qui soit capable de détruire notre Fraternité... Après tout, tous les vœux et toutes les pensées que je pourrais exprimer se résument en cette seule phrase, souhait toujours vivant de mon cœur : SOYEZ THÉOSOPHES, TRAVAILLEZ POUR LA THÉOSOPHIE. »
C'étaient là des mots prophétiques, mais l'avertissement ne fut pas entendu.
Maintenant, il échoit à ceux qui en sont capables de prendre les mots exprimant le désir toujours vivant de son cœur comme la note tonique du présent et du futur : « Soyez Théosophes, travaillez pour la Théosophie » et de se rassembler sur cette sorte de base, car ce sont là les choses essentielles.
La base d'union inattaquable parmi les Théosophes, quel que soit le lieu où ils résident et quelle que soit leur situation est la SIMILARITÉ DE BUT, D'INTENTION ET D'ENSEIGNEMENT. L'acceptation de ce principe par tous les Théosophes ferait immédiatement disparaître toutes les barrières. Un début doit être mis en œuvre par ceux dont le mental est devenu plastique à la suite des remous de l'expérience. Un accord entre eux est nécessaire et ils devraient se rassembler dans cet esprit.
Pour donner une expression à cet esprit, il faut une déclaration et un nom permettant de connaître ceux qui formulent la déclaration.
L'appeler La Société Théosophique serait adopter le nom actuellement utilisé par au moins deux organisations opposées. L'appeler même une Société suggérerait une « organisation » — une parmi de nombreuses autres — et cela pourrait être un obstacle. L'expression qu'un des Messagers a utilisée est significative et évite tout conflit avec les organisations, tout en restant susceptible de les inclure toutes, au détriment d'aucune. Cette expression est :
La Loge Unie des Théosophes
Les membres d'une organisation quelconque, ou sans aucune appartenance, les anciens et les nouveaux étudiants, pourraient lui appartenir sans modifier leurs affiliations, car la seule condition nécessaire serait d'accepter le principe de similarité de but, d'intention et d'enseignement. La force spirituelle unifiante de ce principe de fraternité n'a pas besoin des secours adventices que pourraient offrir une constitution et des statuts, ou des personnages officiels pour les administrer. Avec ce principe comme base d'union, aucune cause possible de différences ne saurait se produire ; il n'y a ici aucune place pour un chef ou pour une autorité, pour le dogme ou la superstition, et pourtant, comme il y a des masses de connaissance en réserve pour tous, l'attitude juste doit attirer toute l'assistance nécessaire de « Ceux qui jamais ne faillissent ». La porte semble ouverte pour tous ceux qui voudraient, mais ne peuvent voir une voie. Un nombre appréciable quelconque d'individus vivant, pensant et agissant selon cette base doivent former un foyer spi¬rituel à partir duquel tout est possible.
On pourrait former des Loges locales utilisant le nom, promulguant la base d'union et reconnaissant les Théosophes comme tels, sans considération d'organisation ; y tenir des réunions libres ; faire un travail public, en maintenant tout l'intérêt sur la Théosophie et la Fraternité ; entretenir des rapports de communication libres et fréquents entre les Loges ; comparer les méthodes de travail des Loges locales ; assurer une assistance mutuelle, poursuivre l'œuvre du Grand Mouvement dans toutes les directions possibles ; avec la devise : « Soyez Théosophes. Travaillez pour la Théosophie. »
LA VOIE POUR S'UNIR EST DE S'UNIR ; RIEN NE PEUT Y FAIRE OBSTACLE SI TEL EST LE DÉSIR.
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Le document explicatif qui suit fut rédigé par Robert Crosbie pour l'information de tous les Théosophes ; il fut rendu public en même temps que l'annonce de la fondation de la "Loge Unie de Théosophes" et que l'adoption de sa DÉCLARATION par Robert Crosbie et les sept premiers membres associés d'origine, le 18 février 1909.
La Loge Unie des Théosophes est une partie intégrante du Mouvement Théosophique qui débuta à New York en 1875. C'est, comme son nom l'indique, une Association de Théosophes — sans aucune considération d'appartenance à une organisation — qui sont unis entre eux par le lien de leur communauté de but, d'intention et d'enseignements pour la cause de la Théosophie.
La Théosophie étant l'origine, la base et le génie de toute organisation théosophique, elle forme d'elle-même un terrain commun d'intérêt et d'effort au-des¬sus et au-delà de toutes les différences d'opinions quant aux personnes ou aux méthodes ; étant aussi la philosophie de l'Unité, elle appelle à l'union indispensable de ceux qui la professent et la promulguent.
Cette Union ne signifie pas qu'il faille une identité d'organisation ou de méthode, mais plutôt une reconnaissance amicale, une assistance et un encouragement, parmi tous ceux qui sont engagés dans le service de la Théosophie.
L'Instructeur, H.P. Blavatsky, a déclaré que « le manque d'Union est la première condition de l'échec » et, dans son dernier Message à la Convention américaine de 1891, elle a dit : « Il n'a jamais été plus nécessaire que maintenant, pour les membres de la Société Théosophique, de prendre à cœur l'ancienne parabole du faisceau de verges : divisées, elles seront inévitablement brisées l'une après l'autre ; unies, il n'y a aucune force sur la terre qui soit capable de détruire notre Fraternité... C'est avec regret que j'ai noté parmi vous une tendance à vous laisser entraîner à la désunion, par votre dévotion même à la cause de la Théosophie... Aucune occasion ne sera perdue pour semer la discorde, profiter des erreurs et des faux pas, inculquer le doute, augmenter les difficultés et insuffler la suspicion, afin de rompre, par tous les moyens possibles, l'unité de la Société, éclaircir les rangs de nos mem¬bres en jetant parmi eux le désarroi. »
Aujourd'hui, il existe un certain nombre d'organisations théosophiques qui toutes tirent leur inspiration de la Théosophie, n'existent qu'à cause de la Théosophie et, cependant, restent désunies. La nature de chaque organisation est telle que l'on ne peut établir l'unité sur la base d'aucune. Il faudrait donc prendre une base commune si l'on veut atteindre le succès visé à l'origine.
Le besoin d'une base de ce genre, avec une compréhension plus large du Mouvement, est la raison d'être de la présente Association — La Loge Unie de Théosophes — composée tant de Théosophes appartenant à différentes organisations que de Théosophes n'appartenant à aucune. Cette Loge, n'ayant ni constitution, ni statuts, ni personnages officiels, ni chef, offre dans sa Déclaration une base commune d'Unité pour tous ceux qui en comprennent le grand besoin, et elle sollicite leur coopération.
S'en tenant à sa devise : « Il n'y a pas de Religion supérieure à la Vérité », elle recherche la vérité en toute chose et, en commençant par l'histoire du Mouvement Théosophique, elle présente ci-après certains faits, avec leurs déductions inévitables, pour l'information et la considération de tous.
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Il n'y a de doute pour personne sur la question de savoir qui apporta le Message de la Théosophie au monde occidental, pas plus qu'il n'y a de raison de croire que le Messager, H.P. Blavatsky, ne parvint pas à donner tout ce qui devait être donné pour la période allant jusqu'à 1975, époque qu'elle indique comme étant celle de l'avènement du prochain Messager.
Tant qu'elle vécut, il n'y eut qu'une Société. Après son départ, commencèrent des dissensions dont le résultat rut l'apparition de plusieurs organisations séparées. On trouvera que la cause fondamentale de ces divisions résidait dans les différences d'opinion sur la « question successorale », même dans les cas où d'autres causes semblaient évidentes. Aucune question de ce genre n'aurait jamais dû se poser, car il est parfai¬tement clair qu'H.P. Blavatsky ne pouvait pas plus transmettre à un autre sa connaissance et son savoir que ne pouvaient le faire un Shakespeare, un Milton ou un Beethoven.
Ceux qui furent attirés par la philosophie qu'elle présenta, ou qui furent instruits par elle, étaient des sympathisants ou des étudiants, ayant un degré d'avancement plus ou moins grand dans la compréhension et l'assimilation de la Théosophie.
Une fois que l'on écarte l'idée de la « question successorale », on peut avoir une meilleure perspective du Mouvement, de la philosophie et des personnes importantes — passées et présentes — engagées dans sa promulgation.
Nous avons les déclarations des Maîtres d'H.P. Blvatsky disant qu'elle était le seul instrument possible pour le travail à accomplir, qu'Ils l'envoyèrent pour le faire et qu'Ils approuvèrent en général tout ce qu'elle fit. Ce travail ne comporte pas seulement la philosophie qu'elle a donnée, mais aussi son travail en rapport avec les autres personnes dans le Mouvement ; et quand un rapport est particulièrement défini comme dans le cas de William Q. Judge — la sagesse exige que l'on accorde toute sa considération à ce qu'elle a dit.
H.P. Blavatsky et W.Q. Judge furent co-fondateurs de la Société Théosophique en 1875. Ils furent collègues dès le début et le restèrent toujours. Lorsque H.P. Blavatsky quitta l'Amérique — pour ne jamais y revenir — elle laissa William Q. Judge sur place pour établir et poursuivre le travail du Mouvement Théosophique en Amérique. Jusqu'à quel point ce travail fut bien accompli est une question d'histoire.
H.P. Blavatsky quitta le corps en 1891, William Q. Judge environ cinq ans plus tard. Il ne prétendit jamais être son successeur. Au contraire, quand on lui posa cette question, il dit : « Elle est sui generis, elle ne peut avoir aucun successeur. » Le fait est qu'ensemble, lui et elle furent contemporains dans le travail, lui gardant son corps quelque cinq années de plus qu'elle afin d'achever le travail qu'il devait accomplir.
L'œuvre de l'un des deux ne peut être séparée de celle de l'autre, si l'on veut comprendre le Mouve¬ment. On peut trouver la preuve évidente de la grandeur et de la capacité de William Q. Judge, en tant qu'Instructeur, dans ses écrits — dont une grande et précieuse partie est tombée dans l'obscurité à la suite des dissensions sur les questions d'organisation dont nous avons parlé. On devrait rechercher ces écrits et les' étudier en liaison avec ceux d'H.P. Blavatsky. Cette étude amènera à la conviction que tous deux furent de grands Instructeurs — chacun ayant une mission particulière — que l'un et l'autre étaient sui generis, que leur travail était complémentaire et qu'au¬cun d'eux n'a eu et ne pouvait avoir quelque successeur que ce fût. .
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