Théories sur la réincarnation et les esprits

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Pendant les dix premières années de l'existence de la Société Théosophique, la Renaissance ou Réin­carnation, question complexe et controversée, à maintes reprises, a fait son chemin. Selon une évidence de prime abord on a prétendu qu'il y avait une différence considérable entre les écrits publiés dans Isis Unveiled Vol. 1 p. 351-2, et les enseignements ultérieurs émanant de la même plume et sous l'inspiration du' même maître [1].

On prétendait que dans Isis la réincarnation est niée. Seul, un retour éventuel d' « esprits dépravés » y est admis. « A l'exclusion de cette possibilité rare et douteuse, 'Isis' ne reconnaît que trois cas où la réincarnation se produit sur notre terre : l'avortement, la mort prématurée et l'idiotie ». (« C.C.M. » dans Light. 1882).

L'accusation fut réfutée aussitôt, comme on peut le voir en consultant le Theosophist d'août 1882. Néanmoins, la réponse ne fut pas satisfaisante pour certains lecteurs ou passa inaperçue. Si nous laissons de côté la bizarrerie de l'affirmation que la réincarnation, autrement dit la renaissance périodique de toute monade individuelle de pralaya en pralaya [2], serait niée, en dépit du fait que cette doctrine est un fragment intégral des données fondamentales de l'Hindouisme et du Bouddhisme, l'accusation se résume de fait à ceci : l'auteur du présent article, admirateur et étudiant reconnu de la philosophie hindouiste et disciple fervent du Bouddhisme bien des années avant qu'Isis fut écrit, en rejetant la réincarnation doit nécessairement de ce fait rejeter KARMA. Car Karma est la pierre angulaire de la philosophie Esotérique et des religions orientales ; c'est le pilier grandiose, unique sur lequel repose toute la philosophie des renaissances, et si l'on nie celle-ci, la doctrine entière de Karma devient un verbiage vide de sens.

Néanmoins, les adversaires, sans s'arrêter pour réfléchir à la « contradiction » évidente qu'il y a entre l'accusation et le fait, accusèrent un Bouddhiste convaincu de nier la Réincarnation et par suite, Karma. Opposé à toute querelle avec celui qui fut un ami et, peu désireux à l'époque, d'entamer une argumentation étayée par des détails et des preuves intrinsèques, l'auteur répondit simplement par quelques phrases. Mais il est devenu nécessaire, maintenant, de définir clairement la doctrine. D'autres critiques ont eu le même raisonnement et par leur incompréhension des passages en question dans Isis, ils sont arrivés aux mêmes conclusions invraisemblables.

Pour mettre fin à ces controverses inutiles, on se propose d'expliquer plus clairement les doctrines.

 Encore que, en raison des clarifications ultérieures plus précises des doctrines ésotériques, ce qui a été écrit dans « Isis » ait moins d'importance. C'était une nomenclature de sujets occultes à peine effleurés. Il faut que l'on sache tout de suite que l'auteur maintient l'exactitude de chaque mot exprimé sur ce sujet dans ses précédents ouvrages. Ce qu'on disait dans le Theosophist d'Août 1882 peut être répété ici. Le passage cité est probablement et même certainement « incomplet, chaotique, vague, voire maladroit, comme le sont beaucoup de passages de cet ouvrage, la première œuvre littéraire d'une étrangère qui, même maintenant, ne peut se vanter de connaître l'anglais ». Néanmoins, il est parfaitement exact en ce qui concerne ce point de la réincarnation.

Je vais citer des passages d'Isis et expliquer chaque point critiqué de cet ouvrage où l'on disait que l'on présentait « quelques fragments de cette mystérieuse doctrine de la réincarnation qu'il fallait distinguer de la métempsychose ». Les phrases que je vais expliquer sont mises en italiques :

« La Réincarnation, c'est-à-dire, l'apparition du même individu, ou plutôt de sa monade astrale deux fois sur la même planète n'est point de règle dans la nature ; c'est une exception, comme le phénomène tératologique d'un enfant à deux têtes, Elle est précédée d'une violation des lois de l'harmonie de la nature, et el1e n'arrive que lorsque celle-ci, cherchant il rétablir son équilibre rompu, rejette violemment dans la vie terrestre la monade astrale, qui a été lancée hors du cercle de nécessité, par un crime ou un accident. Ainsi, en cas d'avortement et d'enfants morts avant un certain âge, et dans ceux d'idiotisme constitutionnel et incurable, le dessein originaire de la nature de produire un être humain parfait a été interrompu. C'est pourquoi tandis que la matière grossière de chacune de ces diverses entités se désagrège dans la mort, ce qui est facile à admettre, et se perd dans le vaste domaine de l'être, l'esprit immortel et la monade astrale de l'individu, cette dernière mise en réserve pour animer un autre corps, et l'esprit pour projeter sa divine lumière sur l'organisation corporelle, devront essayer une seconde fois de réaliser le but de l'intelligence créatrice. » (Vol. 1 p. 351).

Ici, c'est la « monade astrale » ou le corps de la personnalité défunte, disons Jean ou Thomas, qui est sous-entendue. C'est ce qui, dans les enseignements de la philosophie ésotérique de l'Hindouisme, est connu sous le nom de bhoot, dans la philosophie grecque on l'appelle simulacrum ou umbra, et dans toutes les autres philosophies dignes de ce nom, on enseigne que ce corps disparaît après une période plus ou moins longue en Kama-Ioka ¾ les Limbes des Catholiques romains, ou l'Hadès des Grecs [3]. C'est « une violation des lois de l'harmonie de la nature », bien qu'elles soient ainsi décrétées par celles de Karma, chaque fois que la monade astrale, ou le simulacrum de la personnalité, de Jean ou de Thomas, au lieu de parachever jusqu'au terme final sa mission dans le corps, se trouve (a) violemment rejetée hors de ce corps, soit par suite de mort prématurée ou d'accident ; et (b) doit en vertu de cette tâche inachevée, réapparaître (le même corps astral uni à la même monade immortelle) sur terre pour compléter sa mission inachevée. « Elle doit ainsi tenter une seconde fois de réaliser le but de l'intelligence créatrice » ou de la loi.

Si la raison a été développée au point d'être devenue active et discriminative il n'y a pas [4] d’ (immédiate) réincarnation sur cette terre car les trois parties de l'homme trinitaire sont réunies et il peut dès lors continuer sa course. Mais lorsque le nouvel être n'a pas dépassé la condition de Monade, ou bien lorsque, comme dans le cas d'un idiot, la trinité n'a pas été complétée sur terre et par conséquent ne peut l'être après la mort, l'étincelle immortelle qui l'illumine doit entrer à nouveau dans le plan terrestre parce qu'elle a été frustrée dans sa première tentative. S'il en était autrement, les âmes mortelles  ou astrales, et immortelles et divines, ne pourraient pas progresser à l'unisson et s'élever à une sphère supérieure [5] (Dévachan). L'esprit suit une ligne parallèle à celle de la matière et l'évolution spirituelle s'opère conjointement et en unisson avec l'évolution physique.

La Doctrine Occulte enseigne que :

1.    Il n'y a pas de réincarnation immédiate sur terre pour la Monade comme l'enseignent à tort les Spirites Réincarnationnistes ; pas plus qu'il n'y a de seconde réincarnation pour le faux Ego « personnel », le périsprit, sauf dans les cas exceptionnels mentionnés. Mais il y a (a) des renaissances ou des réincarnations périodiques pour l'Ego immortel (« Ego » durant le cycle des renaissances, et non-Ego, en Nirvana ou Moksha, lorsqu'il devient impersonnel et absolu) ; car cet Ego est la racine de chaque nouvelle incarnation, le fil sur lequel s'enfilent, les unes après les autres, les fausses personnalités ou les corps illusoires appelés hommes dans lesquels l'Ego-Monade s'incarne durant le cycle des renaissances ; et (b) de telles réincarnations ne se reproduisent pas avant 1.500, 2.000 et même 3.000 ans de vie dévachanique.

2.    Que Manas, le siège de Jiv cette étincelle qui parcourt la ronde du cycle de la naissance et des renaissances avec la Monade, depuis le commencement jusqu'à la fin d'un Manvantara, est le véritable Ego. Que (a) le Jiv suit la monade divine qui lui donne la vie spirituelle et l'immortalité en Dévachan, et que, par conséquent, il ne peut ni renaître avant son temps fixé, ni réapparaître sur terre dans l'intérim d'une façon visible ou invisible ; et (b) que, à moins que la moisson, l'arôme spirituel de Manas ou toutes ses aspirations les plus élevées, ses qualités et attributs spirituels qui constituent le SOI supérieur de l'homme s'unissent à la Monade, celle-ci devient comme Non existante, puisqu'elle est in esse « impersonnelle » et per se sans Ego, pourrait-on dire, et n'obtient sa coloration spirituelle ou son parfum d'Ego-tisme que de chaque Manas durant l'incarnation et après qu'il est désincarné et séparé de tous ses principes inférieurs.

3.   Que les quatre principes restants, ou plutôt les deux et demi, car ils se composent de la partie terrestre de Manas, de son véhicule Kama-Rupa et du Linga-Sharira, le corps se dissolvant immédiatement après la mort ainsi que prana, le principe de vie en même temps que lui, que ces principes qui ont appartenu à la fausse personnalité, sont inaptes pour le Dévachan. Celui-ci est un état de béatitude, de récompense pour toutes les misères imméritées de la vie [6], et ce qui a poussé l'homme au péché, sa nature terrestre et passionnelle, ne peut y trouver place.

Par conséquent, les principes [non] réincarnants [7] sont abandonnés en Kama-loka, d'abord en tant que résidus matériels et plus tard sous forme de reflets sur le miroir de la lumière astrale. Doués d'une activité illusoire, jusqu'au jour où s'étant graduellement dissipés, ils disparaissent, que sont-ils sinon l'Eidolon grec et le simulacrum des poètes et classiques grecs et latins ?

« Quelle récompense ou quel châtiment pourrait-il y avoir, dans ce domaine des entités humaines désincarnées, pour un fœtus ou un embryon humain qui n'a pas même eu le temps de respirer sur la terre ¾ et encore moins d'exercer les facultés divines de son esprit ? Ou, pour un enfant irresponsable dont la monade insensible est restée dormante dans l'enveloppe astrale et physique, à un degré tel, qu'elle ne l'aurait pas même empêché de périr ou de faire périr une autre personne dans les flammes. Ou bien encore, pour un idiot de naissance dont le nombre de circonvolutions cérébrales n'est guère que de vingt à trente pour cent par rapport à celui des personnes saines d'esprit, et qui, par conséquent, n'est pas responsable de ses dispositions, de ses actes et des imperfections de son intellect à demi développé et vagabond ? » (Isis, Vol. 1 page 352).

Voilà donc les « exceptions » dont il est parlé dans Isis, et l'on maintient toujours la doctrine énoncée alors. De plus, il n'y a aucune « contradiction », mais seulement des énoncés incomplets, c'est ce qui a provoqué une compréhension erronée des enseignements ultérieurs. Outre cela, il existe quelques fautes importantes dans Isis qui ne purent être corrigées dans les éditions suivantes, les clichés d'impression ayant été stéréotypés.

Une de ces fautes se trouve à la page 346, une autre qui s'y rattache et en découle, à la page 347.

La contradiction entre la première partie de la phrase et la dernière, aurait dû suggérer au lecteur qu'il s'agissait d'une erreur évidente. Elle s'adresse aux spirites réincarnationnistes qui prennent les paroles plus qu'ambiguës d'Apulée à l'appui de leurs prétentions aux « esprits » et à la réincarnation.

Que le lecteur juge [8] par lui-même si Apulée ne justifie pas plutôt nos propres assertions. On nous accuse de nier la réincarnation et voici ce que nous disions alors dans Isis !

« La philosophie enseigne que la nature ne laisse jamais son travail inachevé ; si elle échoue à la première tentative, elle essaye à nouveau. Quand elle élabore un embryon humain, elle se propose de faire un homme achevé physiquement, intellectuellement et spirituellement. Son corps doit grandir, atteindre sa maturité, décliner et mourir ; son mental doit s'épanouir, mûrir et devenir harmonieusement équilibré ; son esprit divin doit illuminer l'homme intérieur et s'unir aisément à lui. Aucun être humain n'a réalisé son grand cycle ou le « cercle de nécessité », tant que cela n'est pas accompli. De même que dans une course, les retardataires luttent encore péniblement à la première étape alors que le vainqueur dépasse déjà le but, dans la course à l'immortalité, certaines âmes dépassent toutes les autres et atteignent le but, tandis que les myriades de compétiteurs peinent sous le poids de la matière, près du point de départ. Certains malheureux aban­donnent complètement et perdent toute chance de récompense ; certains retournent sur leur pas et recommencent. »

 Ceci est bien clair, semble-t-il. La nature qui a échoué recommence. Personne ne peut quitter ce monde (notre terre), sans être devenu parfait « physiquement, moralement et spirituellement ». Comment réussir cela à moins qu'il n'y ait une série de renaissances nécessaires au perfectionnement dans chaque domaine pour évoluer dans le « cercle de nécessité », voilà un problème insoluble en une seule vie humaine ? Pourtant, cette phrase est suivie immédiatement de l'affirmation suivante entre guillemets, « C'est ce que les Hindous redoutent pardessus tout, ¾ la transmigration et la réincarnation ; seulement sur d’autres planètes inférieures, mais jamais sur celle-ci » !!!

Cette dernière « phrase » est une faute capitale pour laquelle l'auteur plaide « non coupable ». C'est évidemment une maladresse de quelque « correcteur d'épreuves » qui n'avait aucune idée de la philosophie hindoue et qui commit une seconde faute à la page suivante où le mot malencontreux de « planète » a été substitué à celui de cycle. L'auteur, qui avait d'autres travaux en cours, ne revit presque pas « Isis » après sa parution, sans quoi, des explications et une publication d'errata auraient été ajoutées changeant la phrase de cette façon : « Les Hindous craignent les transmigrations dans d'autres formes inférieures sur cette planète-ci ».

Cela aurait concordé avec la phrase précédente et mis en évidence que les enseignements de l'Hindouisme exotérique leur font croire à la possibilité et craindre de se réincarner par bonds et alternativement dans des formes humaines et animales, d'un homme dans une bête et même dans une plante, et vice-versa ; tandis que la philosophie ésotérique enseigne que la nature ne retourne jamais en arrière dans son progrès évolutif et qu'une fois l'homme évolué de toutes les formes inférieures, minérales, végétales et animales, pour entrer dans un corps humain, il ne peut plus redevenir un animal excepté moralement, voire ― métaphoriquement.

L'incarnation humaine est une nécessité cyclique, une loi ; et aucun Hindou ne la craint, bien qu'il puisse en déplorer la nécessité. Et à la même page (346) on prouve cette loi et le retour périodique des naissances humaines, dans un seul et même paragraphe qui se termine comme suit :

« Mais il existe un moyen de l'éviter. Bouddha l'enseigna dans sa doctrine de la pauvreté, de la restriction des sens, de l'indifférence parfaite aux objets de cette vallée de larmes, de la libération des passions et de la communication réciproque fréquente avec Atma, la contemplation de l'âme. La cause de la réincarnation [9] est due à l'ignorance de nos sens, et à l'idée qu'il y ait quelque réalité dans le monde, excepté dans l'existence abstraite. Des organes des sens provient l'« hallucination » que nous nommons « contact » ; « du contact vient le désir ; du désir, la sensation (qui, elle aussi est une illusion de notre corps) ; de la sensation provient l'attachement aux corps existants ; de l'attachement, la reproduction ; et de la reproduction, la maladie, la déchéance et la mort. »

Ceci devrait clore la question et montrer qu'il dut se glisser par inadvertance une erreur qui passa inaperçue ; pourtant, si cela n'est pas suffisant, il existe autre chose encore pour le prouver car nous voyons plus loin :

« Ainsi, semblable aux révolutions d'une roue, il existe une succession régulière de morts et de vies, dont la cause morale gît dans l'attachement aux objets existants, tandis que la cause instrumentale est Karma (le pouvoir qui contrôle l'univers, le poussant à l'activité), le mérite et le démérite. Le grand désir de tous les êtres qui voudraient se libérer des souffrances des naissances successives, devrait donc se concentrer sur la destruction de la cause morale : l'attachement aux objets existants ou le désir mauvais. »

« Ceux en qui le désir mauvais est complètement détruit sont appelés Arhats. La libération du désir mauvais assure la possession d'un pouvoir miraculeux. A sa mort, l'Arhat ne se réincarne jamais ; il atteint inéluctablement le Nirvana, terme, entre parenthèses faussement interprété par les érudits chrétiens et les commentateurs sceptiques. Le Nirvana est le monde de la cause où tous les effets trompeurs ou les illusions de nos sens disparaissent. Le Nirvana est la sphère la plus haute qui puisse être atteinte. Les pitris (les esprits pré-adamiques) sont, considérés comme réincarnés par le philosophe bouddhiste, mais à un degré bien supérieur à celui de l'homme terrestre. Ne meurent-ils pas à leur tour ? Leurs corps astraux ne souffrent-ils et ne jouissent-ils pas et n'éprouvent-ils pas la même malédiction de sentiments illusoires que lorsqu’ils étaient incarnés ? »

Et immédiatement après ceci, on nous fait dire à nouveau du Bouddha et de sa doctrine du « Mérite et Démérite » ou Karma :

« Mais cette vie antérieure à laquelle croient les Bouddhistes n'est pas une vie sur cette planète, car plus que n'importe qui d'autre, le philosophe bouddhiste appréciait la grande doctrine des cycles. »

Corrigez « vie sur cette planète » par « vie dans le même cycle » et vous aurez le sens exact : car à quoi servirait-il à la philosophie du Bouddha de prendre en considération « la grande doctrine des cycles » si le grand sage n'avait cru qu'à une seule courte vie sur notre terre et dans le même cycle. Mais, revenons à la théorie réelle de la réincarnation telle qu'elle se présente dans l'enseignement ésotérique et dans sa malencontreuse présentation dans Isis.

Ce que l'on voulait dire par là, c'était que le principe qui ne se réincarne pas, sinon dans les cas exceptionnels signalés, est la fausse personnalité, l'Entité humaine illusoire, définie et individualisée au cours de notre courte vie, sous une forme et un nom spécifiques ; mais ce qui se réincarne, et doit le faire nolens volens, de par la loi inflexible et rigide de Karma, c'est l'EGO réel. La confusion entre l'Ego immortel réel de l'homme et les fausses personnalités éphémères qu'il habite durant sa progression manvantarique, est la base de cette incompréhension. Voyons maintenant ce que sont l'un et l'autre. Le premier groupe comprend :

1.    L'Esprit immortel, sans sexe, sans forme Campa), une émanation du SOUFFLE Un et universel.

2.    Son véhicule, l’Âme divine, appelée l’« Ego Immortel », la « Monade Divine », etc... qui, par des apports de Manas en qui brûle le Jiv toujours existant ou l'étincelle immortelle, ajoute à elle-même, à la fin de chaque incarnation, l'essence de cette individualité qui fut, l'arôme de cette fleur cueillie qui n'existe plus.

Qu'est-ce que la fausse personnalité ? C'est cet assemblage de désirs, d'aspirations, d'affections et de haines, en résumé, d'actions, que manifeste un être humain sur terre pendant une incarnation et sous forme d'une personnalité [10]. Ce n'est certainement pas tout ceci, qui pour nous, mortels illusionnés, matériels et à la pensée matérialisante, s'appelle M. Un Tel ou Mme Une Telle, qui reste immortel ou renaît jamais.

Toute cette masse d'Egotisme, ce « Moi » apparent et éphémère, disparaît après la mort, comme le costume du rôle joué par l'acteur est délaissé quand celui-ci quitte le théâtre et rentre se coucher. L'acteur redevient immédiatement ce qu'il était depuis sa naissance : John Smith ou Gray et n'est plus l'Othello ou l'Hamlet qu'il a représenté durant quelques heures. Il ne reste rien de cet « assemblage » lors de la réincarnation suivante sinon la semence pour le Karma futur que Manas a pu réunir à son noyau immortel, pour constituer avec lui, le Soi Supérieur désincarné en « Dévachan ». Quant aux quatre principes inférieurs, leur sort est expliqué dans presque tous les auteurs classiques dont nous avons l'intention d'extraire des passages pour défendre notre point de vue. La doctrine du périsprit, la « fausse personnalité », ou les restes des défunts sous leur forme astrale disparaissant après un certain temps, déplaît énormément aux spirites qui s'obstinent à confondre l'EGO temporaire avec l'Immortel.

Malheureusement pour eux et heureusement pour nous, ce ne sont pas les Occultistes modernes qui ont inventé la doctrine. Ils se tiennent sur leurs positions. Et ils prouvent ce qu'ils avancent, c'est-à-dire qu'aucune « personnalité » ne se « réincarne » jamais « sur la même planète » (notre terre, ceci n'étant pas une erreur cette fois), excepté dans les trois cas exceptionnels mentionnés plus haut. Il faut y ajouter un quatrième cas qui est le résultat de l'action volontaire et consciente d'un Adepte et qu'un tel corps astral n'appartient ni au corps, ni à l'âme, encore moins à l'esprit immortel de l'homme. Ce qui suit est énoncé comme preuves à l'appui.

Avant d'avancer, en s'appuyant sur des manifestations indéniables, des théories sur ce qui les produit, avant de prétendre tout de suite, se basant sur une évidence de prime abord, que ce sont les esprits des défunts qui reviennent vers nous, il importe d'abord d'étudier ce que l'antiquité enseignait à ce sujet. Les revenants et les apparitions, les « ESPRITS matérialisés et semi-matériels, ne datent pas d'Allan Kardec, ni de Rochester. Si ces êtres, qui se font invariablement passer pour les âmes et les fantômes des morts, réussissent dans leur tentative, c'est uniquement parce que la philosophie prudente d'autrefois est remplacée de nos jours par une suffisance a priori et par des affirmations sans preuves. La première question à résoudre est la suivante : « Les esprits sont-ils revêtus d'une substance quelconque ? » Réponse : Ce qu'on appelle actuellement périsprit en France et « Forme matérialisée » en Angleterre et en Amérique, était appelé autrefois peri-psyche et peri-nous et était donc bien connu des Grecs anciens. Ces esprits ont-ils un corps soit gazeux, fluidique, éthérique, matériel ou semi-matériel ? Non, répondons-nous, nous basant sur l'autorité des enseignements occultes du monde entier. Car, pour les Hindous, atma ou l'esprit est Arupa, sans corps, et pour les Grecs aussi. Même dans l'Eglise catholique romaine, les anges de Lumière comme ceux des Ténèbres, sont absolument incorporels : « meri spiritus omnes corporis expertes » et selon les termes de la Doctrine Secrète, primordiaux. Les émanations du Principe non-différencié, les Dhyan-Chohans de la catégorie UNE (Première) de l'Essence Spirituelle pure, sont formés de l'Esprit de l'Elément un ; la seconde catégorie est formée de la seconde Emanation de l'Âme des Eléments ; la troisième possède un « corps mental » auquel elle n'est pas assujettie mais qu'elle peut revêtir et diriger comme un corps, assujettir et soumettre à sa volonté en tant que forme et substance. A partir de cette (troisième) catégorie, ils (les esprits, anges, Devas ou Dhyans Chohans) ont des CORPS, le premier groupe rupa se composant d'un élément : l'Ether ; le second, de deux : l'Ether et le feu ; le troisième, de trois : l'Ether, le feu et l'eau; le quatrième, de quatre : l'Ether, l'air, le feu et l'eau. Puis vient l'homme, qui, en plus des quatre éléments, en possède un cinquième qui prédomine en lui, la Terre ; c'est pourquoi il souffre. Comme le disaient Saint Augustin et Pierre Lombard, « les Anges ont des corps faits pour agir, non pour souffrir. C'est la terre et l'eau, humor et humus, qui donnent au corps une aptitude pour la souffrance et la passivité, ad patientiam, tandis que l'Ether et le Feu portent à l'action ». Les esprits des monades humaines appartenant à la première essence non-différenciée, sont donc incorporels ; mais leur troisième principe (ou le Cinquième humain, Manas) peut, en conjonction avec son véhicule, devenir Kama Rupa et Mayavi Rupa, le corps des désirs ou « le corps illusoire ». Après la mort, les meilleures, les plus nobles et les plus pures qualités de Manas, ou âme humaine, s'élevant avec la Monade divine en Dévachan, d'où nul ne sort ni ne revient avant le moment de la réincarnation, qu'est-ce donc qui apparaît sous le masque double de l'Ego spirituel ou de l'âme du défunt ? L'élément du Kama rupa aidé par les élémentaux. Car on nous enseigne que ces êtres spirituels qui peuvent assumer une forme à volonté et apparaître, c'est-à-dire se rendre objectifs et même tangibles, sont uniquement les anges (les Dhyan Chohans) et le nirmanakaya [11] des adeptes dont les esprits sont revêtus de matière sublime. Les corps astraux, les restes et les résidus de l'être humain qui vient de se désincarner, lorsqu'ils apparaissent, ne sont pas les individus qu'ils prétendent être, mais simplement leurs simulacres. Telle était la croyance pendant toute l'antiquité depuis Homère jusqu'à Swedenborg ; de la troisième race à nos jours.

Plus d'un spirite convaincu s'est servi des paroles de Saint Paul pour confirmer sa doctrine que les esprits apparaissent et peuvent apparaître. « Il y a un corps naturel et un corps Spirituel » etc... (1 Corinthiens XV, 44) ; mais il suffit d'étudier de plus près les versets qui précèdent et ceux qui suivent la citation, pour s'apercevoir que Saint Paul lui attribuait une signification différente de ce que l'on prétend lui faire dire. Sans aucun doute, il y a un corps spirituel, mais il n'est pas identique à la forme astrale renfermée dans l'homme « naturel ». Le corps « spirituel » est formé uniquement par notre indivi­dualité dépouillée et transformée après la mort ; car l'apôtre a soin d'expliquer dans les versets 51 et 52, « Immutabimur sed non omnes ». Voici un mystère que je vous révèle : nous ne nous endormirons pas tous, mais tous nous serons changés. Le corruptible doit se vêtir d'incorruptibilité et ce corps mortel doit revêtir l'immortalité.

Mais ceci n'est une preuve que pour les Chrétiens. Voyons ce que les anciens Egyptiens et les Néo-Platoniciens ensemble, « théurgistes » par excellence, pensaient à ce sujet. Ils divisaient l'homme en trois groupes principaux, subdivisés en principes, comme nous le faisons : le pur esprit immortel ; 1'« Ame Spectrale » (fantôme lumineux), et, le corps matériel grossier. A part ce dernier qui était considéré comme l'enveloppe terrestre, ces groupes étaient divisés en six principes : 1° Kha « le corps vital », 2° Khaba la « forme astrale » ou l'ombre, 3° Khou « l'âme animale »,4° Akh « l'intelligence terrestre », 5° Sa « l'âme divine » (ou Bouddhi) et 6° Sah ou la momie dont les fonctions commençaient après la mort. Osiris était l'esprit incréé le plus élevé, car c'était, dans un sens, un nom générique, chaque homme après son transfert devenait Osirifié, c'est-à-dire absorbé dans Osiris, le Soleil ou dans l'état divin glorieux. C'était Khou uni aux parties inférieures d'Akh ou du Kama rupa, auxquelles s'ajoutaient les résidus de Manas restant derrière dans la lumière astrale de notre atmosphère, qui formait la contrepartie des terribles bhoots si redoutés des Hindous (nos « élémentaires »). On peut vérifier ceci dans la traduction du soi-disant « Harris Papyrus on magic » (papyrus magique, traduit par Chabas) qui les appelle Kouey ou Khou et explique que, selon les hiéroglyphes, on les nommait Khou ou le « mort ranimé », l'« ombre ressuscitée » [12].

Quand on disait de quelqu’un qu’il « avait un Khou, » cela signifiait qu'il était possédé par un « Esprit ». Il y avait deux sortes de Khous, les justifiés, qui après avoir vécu quelque temps une seconde vie (nam onh) se désintégraient et disparaissaient et les Khous qui étaient condamnés à errer sans repos dans l'ombre après être morts une seconde fois ¾ mut, em, nam ¾ et qu'on appelait les H'ou-métre (« deux fois morts »), ce qui ne les empêchait pas de s'approprier une vie factice, à la manière des vampires. Dans notre Appendice sur la Magie égyptienne et les « Esprits Chinois » (Doctrine Secrète) nous expliquons combien on les craignait. Les prêtres égyptiens les exorcisaient comme le curé Catholique Romain exorcise le mauvais esprit. L'houen chinois est également identique au Khou et à « l'Elémentaire », comme aussi aux lares ou larvae, mot dérivé du premier par Festus le grammairien, qui explique que c'étaient « les ombres des morts gui ne laissaient aucun repos aux habitants, maîtres ou serviteurs, de la maison où ils s'introduisaient ». Ces créatures qui étaient évoquées en théurgie et surtout au cours de rites nécromantiques, étaient considérées et le sont encore en Chine, comme n'étant ni l'Esprit, ni l'Ame, ni quoi que ce soit appartenant à la personnalité défunte qu'elles représentaient mais comme étant simplement son reflet, simulacrum.

« L'âme humaine », dit Apulée, « est un Dieu immortel » (Bouddhi) qui, néanmoins, eut un commencement. Quand la mort la délivre (l’Ame) de son organisme terrestre et corporel, on l'appelle lemure. Parmi ceux-ci, il s'en trouve un assez grand nombre de bienfaisants qui deviennent les dieux ou les démons de la famille, c'est-à-dire ses dieux domestiques, et, dans ce cas, on les nomme lares. Mais on en parle sous le nom de larvae quand ils sont condamnés par le sort à errer et à répandre autour d'eux le mal et les calamités. (Inane terriculamentum, ceterum noxium malis) ; ou si leur nature réelle est douteuse, on y fait simplement allusion sous le nom de manes (Apulée, voir Du Dieu de Socrate, pages 143-145, Edit. Niz.). Ecoutez Jamblique, Proclus, Porphyre, Psellos et quantité d'autres auteurs traitant de ces sujets mystiques.

Les Mages de Chaldée croyaient et enseignaient que l'âme céleste ou divine participait à la béatitude de la lumière éternelle, tandis que l'âme animale ou sensuelle, si elle était bonne, se dissolvait rapidement et si elle était mauvaise, continuait à errer dans la sphère terrestre. Dans ce cas, « elle (l'âme) revêtait parfois la forme de fantômes humains variés .et même d'animaux ». Les Grecs disaient la même chose de l'Eidolon, et les Rabbins de leur Nephesh : (Voir Sciences Occultes, Comte de Résie. V, IL). Tous les Illuminés du Moyen-Âge nous parlent de l'Ame astrale, la réflexion du mort ou son spectre. A la mort natale (la naissance) l'esprit pur reste attaché au corps lumineux et intermédiaire, mais aussitôt que sa forme inférieure (le corps physique) meurt, le premier monte au ciel et le second descend dans les régions inférieures ou le Kama loka.

Homère nous montre le corps de Patrocle, la vraie image du corps terrestre tué par Hector, ressuscitant dans sa forme spirituelle et Lucrèce montre le vieil Ennius représentant Homère pleurant à chaudes larmes parmi les ombres et les simulacres humains, sur les rives de l'Achérusie « où ne vivent ni nos corps ni nos âmes », mais seulement nos images.

« ..... Esse Acherusia templa,
….. quo neque permanent animae,
neque corpora nostra, Sed quaedam simulacra…. ».

Virgile l'appelle imago ou l'« image » et dans l'Odyssée (l, XI) l'auteur y fait allusion comme au type, au modèle et en même temps à la copie du corps ; puisque Télémaque ne veut pas reconnaître Ulysse et cherche à le chasser en lui disant : « Non, tu n'es pas mon père ; tu es un démon essayant de me séduire ». (Odys. 1, XVI, v.194). « Les Latins ne manquent pas de noms significatifs pour désigner les variétés de leurs démons ; ainsi, ils les appelaient tour à tour : lares, Lemures, genii et manes ». Cicéron, en traduisant le Timée de Platon, rend le mot daimones par lares ; et Festus, le grammairien, explique que les dieux inférieurs étaient les âmes des hommes faisant, comme Homère, une différence entre les deux, comme aussi entre l'anima bruta et l'anima divina (âmes animale et divine). Plutarque (in Proble. Rom.) dit que les lares président et vivent dans les maisons (hantées) et il les qualifie de cruels, d'exigeants, de curieux, etc... Festus pense qu'il y en a de bons et de mauvais. Car il les appelle une fois, proestites, pour la raison qu'ils apportent éventuellement certains objets, et les surveillent soigneusement (apports directs) et une autre fois, il les nomme hostiles [13]. Quoi qu’il en soit, dit Leloyer, en son vieux français étrange : « ils ne valent pas mieux que nos démons qui, s'ils paraissent parfois aider les hommes et leur offrir des cadeaux, ne leur font que plus de tort après. Les lémures sont également des démons et des larvae, car ils paraissent la nuit, sous diverses formes humaines et animales, mais plus souvent encore, sous les traits qu'ILS empruntent aux morts » [14]. (Livre des Spectres. V, IV, p. 15 et 16).

Après cet honneur rendu à ses conceptions chrétiennes qui voient Satan partout, Leloyer parle comme un Occultiste et même comme un érudit dans ce domaine.

« Il est tout à fait certain que les genii, et nul autre, avaient pour mission de veiller sur chaque nouveau-né, et qu'on les appelait genii, comme le dit Censorius, parce qu'ils avaient la charge de notre race et ne présidaient pas uniquement sur chaque mortel, mais sur des générations et des tribus tout entières, étant les genii du peuple ».

L'idée des anges gardiens des hommes, des races, des localités, des villes ou des nations, fut em­pruntée par les Catholiques Romains aux occultistes préchrétiens et païens. Symmaque (Ep. LX) écrit : « Comme les âmes sont données à ceux qui naissent, les genii sont répartis parmi les nations. Chaque cité avait son génie protecteur auquel le peuple offrait des sacrifices ». Plus d'une inscription porte la mention : Genio civitatis, « au génie de la cité ».

Les profanes anciens ne paraissaient pas plus certains que nos modernes, se demandant si une apparition était l'eidolon d'un parent ou le génie de la localité. Enée, tandis qu'il célébrait l'anniversaire du nom de son père Anchise, vit un serpent ramper sur la tombe et il ne savait pas si c'était le génie de son père ou le génie de l'endroit (Virgile). « Les manes [15] étaient comptés et classés en bons et en néfastes ; ceux qui étaient sinistri et que Virgile appelle numina larvae, étaient apaisés par des sacrifices afin qu'ils ne fassent aucun mal, comme par exemple, celui d'envoyer de mauvais rêves à ceux qui les méprisaient, etc...

Tibulle le montre par le vers suivant :

Ne tibi neglecti mittant insomnia manes. (Eleg. 1. II).

« Les païens croyaient que les Ames inférieures se transformaient après la mort en esprits aériens diaboliques ». (Leloyer, page 22).

Le terme Heteroprosopos, si on le subdivise en ses divers composés, donnera une phrase complète : « Un autre que moi sous les traits de ma personne ».

C'est pour ce principe terrestre, l'eidolon, la larva, le bhoot, appelez-le du nom que vous voudrez, qu'on nia la réincarnation dans Isis [16].

Les doctrines de la Théosophie sont simplement l'écho fidèle de l'Antiquité. L'homme n'est une Unité qu'à son origine et à sa fin. Tous les esprits, toutes les Ames, dieux et démons, émanent du même principe-racine : l'ÂME DE L'UNIVERS, dit Porphyre (De Sacrifice). Il n'y a jamais eu de philosophe digne de ce nom qui ne crût pas : 1° à la réincarnation (métempsychose), 2° à la pluralité des principes dans l'homme ou que l'homme ait eu deux âmes de natures séparées et complètement différentes : l'une périssable, l'Âme Astrale, l'autre incorruptible et immortelle ; et 3° que la première n'était pas l'homme qu'elle représentait, « ni son esprit, ni son corps, mais tout au plus son reflet », C'est ce qu'enseignaient les Brahmines, les Bouddhistes, les Hébreux, les Grecs, les Egyptiens et les ) Chaldéens, même les héritiers post-diluviens de la Sagesse ante diluvienne, Pythagore, Socrate, Clément d'Alexandrie, Synesius et Origène, les poètes grecs les plus anciens et aussi les Gnostiques, que Gibbon montre comme étant les hommes les plus raffinés, les plus instruits et les plus illuminés de tous les temps (voyez « Decline and Fall » etc.). Mais, à toutes les époques, le peuple fut toujours superstitieux, entêté, matérialisant toutes les conceptions les plus spirituelles et les plus idéalistes et les rabaissant à son niveau inférieur, toujours adversaire de la philosophie.

Mais tout cela ne change rien au fait que notre homme de la « cinquième Race », analysé ésotériquement comme un être septuple fut toujours considéré exotériquement comme étant humain, sub-humain, terrestre et supra humain. Ovide le décrivait d'une façon imagée en ces termes :

« Bis duo sunt hominis, manes, caro, spiritus, timbra
Quatuor ista loca bis duo suscipiunt.
Terra tegit carnem, tumulum circumvolat timbra,
Orcus habetm, mes, spiritus astra petit. »
(Ostende, Oct. 1886).



[1] Voir l'accusation et la réponse dans le Theosophist d'août 1882. [retour texte]

[2] Le cycle d'existence durant le manvantara ¾ avant le commencement et après la fin duquel toutes ces « monades » ¾ là sont absorbées et réabsorbées dans l'âme UNE, l'anima mundi. [retour texte]

[3] Hadès n'a certainement jamais signifié Enfer. Ce fut toujours l'habitat des ombres en peine, des corps astraux des personnalités défuntes. Les lecteurs occidentaux doivent se souvenir que Kama-Loka n'est pas Karma-Loka, car Kama veut dire désir, ce que Karma ne signifie pas. [retour texte]

[4] Si ce mot « immédiate » avait été intercalé dans l'édition d'Isis entre les deux mots « pas » et « réincarnation » il y aurait eu moins de place pour les controverses et les disputes. [retour texte]

[5] Par « sphère supérieure » on entendait naturellement le « Dévachan ». [retour texte]

[6] Le lecteur doit garder présent à l'esprit que l'enseigne­ment ésotérique affirme qu'à l'exception des cas .de perversité où la nature de l'homme atteint le comble du mal et que le péché humain terrestre revêt un caractère Satanique universel, comme c'est le cas pour certains sorciers, il n'y a pas de punition après la mort pour la majorité des hommes. Karma, la loi de rétribution, attend l'homme au seuil de sa nouvelle incarnation. L'homme est tout au plus un malheureux instrument du mal, créant sans cesse de nouvelles causes et circonstances. Il n'est pas toujours (s'il l'est jamais) responsable. De là, une période de repos et de béatitude en Dévachan, avec un oubli complet momentané de toutes les misères et tristesses de la vie. Avitchi est un état spirituel de très grande souffrance réservé à ceux qui ont consciemment consacré leur vie à faire du tort aux autres et ont donc atteint la plus haute spiritualité dans le MAL. [retour texte]

[7] C'est dans le Path de Janvier 1887 que parurent la « Rectification Importante » de Mme Blavatsky et la note en éditorial de M. Judge, publiées ci-après :

À TOUS LES LECTEURS DU PATH :

Dans le numéro de novembre du Path, dans mon article « Théories sur la Réincarnation et les Esprits », toute l'argumentation soigneusement élaborée est démolie et réduite à néant par suite d'une faute, due, soit au copiste, soit à l'imprimeur. A la page 235, le dernier paragraphe commence par ces mots : « Par conséquent, les principes réincarnants sont abandonnés en Kama-loka, etc. », alors qu'il faudrait lire « Par conséquent, les principes NON-réincarnants (la fausse personnalité) sont abandonnés en Kama-Ioka, etc. », déclaration que confirme tout à fait ce qui suit, puisqu'on voit que ces principes se désagrègent et disparaissent.

Il semble que la fatalité s'acharne sur cette question. Les spirites ne manqueront pas d'y voir la main protectrice de leurs chers disparus du « Summerland » ; et je me sens portée à partager cette croyance, en ce sens qu'il doit y avoir quelque revenant malfaisant s'interposant entre moi et la publication de mes articles. A moins qu'on ne la corrige immédiatement, et en attirant l'attention sur sa correction, cette erreur ne manquera pas d'être citée un jour ou l'autre contre moi, et comme étant une contradiction.

Sincèrement vôtre.

H. P. Blavatsky 20 Novembre 1886

NOTE : Les manuscrits de l'article signalé furent écrits pour Mme Blavatsky par une tierce personne, et nous les publiâmes tels qu'ils nous furent transmis ; il est évident que l'erreur provenait du copiste et n'était due ni à nous-mêmes, ni à Madame ; de plus, le restant du paragraphe montre clairement qu'il y a une erreur. Nous ne nous sentions pas le doit d'apporter un changement aussi important sous notre responsabilité, mais nous sommes heureux que l'auteur l'ait fait elle-même. D'autres petites erreurs peuvent aussi s'y être glissées par suite de l'écriture particulière du secrétaire, mais elles sont de fort peu d'importance. (Ed. du Path.) [retour texte]

[8] Apulée dit : « L'âme est née dans ce monde en quittant l'âme du monde (anima mundi) où elle existe avant l'existence que nous connaissons tous {sur terre). Ainsi les Dieux qui observent ses actes dans toutes les phases des existences variées et dans leur ensemble la punissent parfois pour des péchés commis dans une vie antérieure. Elle meurt lorsqu'elle se sépare d'un corps dans lequel elle a traversé cette vie comme en une frêle embarcation. Et c'est là, si je ne me trompe, le sens secret de l'inscription funéraire, si simple pour l'initié : « Aux mânes des Dieux qui ont vécu ». Mais cette mort n'annihile pas l'âme, elle transforme (une partie de celle-ci) seulement en un lemure. Les « Lemures » sont les mânes ou fantômes que nous connaissons sous le nom de lares. Quand ils se tiennent à distance et se montrent bienfaisants et protecteurs envers nous, nous honorons en eux les divinités protectrices du foyer familial ; mais si leurs crimes les obligent à errer, nous les appelons larvae. Elles deviennent une malédiction pour les méchants et la vaine terreur des bons. » (Du Dieu de Socrate, Apul. class, pp. 143-145). [retour texte]

[9] « La cause de la réincarnation est due à l'ignorance », par conséquent, la « réincarnation » existe, puisque l'auteur en explique les causes. [retour texte]

[10] On peut voir une preuve de l'influence qu'ont eu nos enseignements théosophiques sur toutes les classes de la Société et même sur la littérature anglaise, en lisant l'article de Norman Pearson « Before Birth » dans le Nineteenth Century d'août 1886, On y discute les idées et les enseignements théosophiques, sans les reconnaître et sans faire la moindre allusion à la théosophie et, entre autre, nous trouvons ce qui suit' concernant les théories de l'auteur sur l'Ego : « Quel fragment de la personnalité individuel1e est supposé aller au ciel OUI en enfer ? Tout l'ensemble du bagage mental, bon et mauvais, qualités nobles et passions, suit-il l'âme dans l'au-delà ? Certainement pas. Sinon, et en supposant qu'une partie doive être éliminée, comment et quand devons-nous tracer la ligne de séparation ? Si, d'autre part, l'Ame est quelque chose de distinct de notre bagage mental, à l'exception du sentiment du soi, ne nous trouvons-nous pas en face de cette notion incompréhensible d'une personnalité privée d'attributs ? »

A cette question, l'auteur répond comme pourrait le faire tout vrai théosophe :

« Les difficultés sur ce point proviennent en réalité d'une fausse conception de la nature réelle de ces attributs, Ce qui .compose notre bagage mental les appétits, aversions, sentiments, goûts et qualités en général, n'a pas une existence absolue mais relative. La faim et la soif, par exemple, sont des états de conscience qui naissent en réponse au stimulus des nécessités physiques. Ce ne sont pas des éléments inhérents à l'âme et ils disparaîtront, ou se modifieront, etc. » (pages 356 et 357), En d'autres mots, l'auteur adopte la doctrine théosophique : Atma et Bouddhi, ayant extrait de Manas l'arôme de la personnalité ou âme humaine, entrent en Dévachan ; tandis que les principes inférieurs, le simulacrum astral ou la fausse personnalité vide de sa monade Divine ou de son Esprit, resteront en Kamaloka, le « Summerland ». [retour texte]

[11] Nirmanakaya est un nom attribué aux formes astrales (lorsqu'elles sont complètes) des adeptes qui ont progressé trop loin sur le sentier de la connaissance et de la vérité absolue pour entrer dans l'état de Dévachan ; et d'autre part, qui ont délibérément refusé la béatitude du nirvana afin d'aider l'Humanité, en guidant et en assistant sur le même sentier de progrès les hommes élus. Ces formes astrales ne sont pas des coques vides mais des monades complètes, composées des 3e, 4e, 5e, 6e et 7e principes. Il existe un autre ordre de nirmanakaya, toutefois, dont on parlera plus longuement dans la Doctrine Secrète. ¾ H.P.B. [retour texte]

[12] Si nous mettons en parallèle ces divisions avec celles de l'enseignement ésotérique, nous voyons que (1) Osiris est Atma ; (2) Sa est Bouddhi ; (3) Akh est Manas ; (4) Khou est Kama-rupa, le siège des désirs terrestres ; (5) Khaba est Linga Sharira ; (6) Kha est Pranatma (le principe vital) ; (7) Sah est la momie ou le corps. [retour texte]

[13] Parce qu'ils chassent les ennemis. [retour texte]

[14] Les citations de Leloyer sont traduites de l'anglais (N.d.T.) [retour texte]

[15] De manus « bon », une antithèse comme l'explique Festus. [retour texte]

[16] Page 12, Vol. l d'Isis Unveiled, la croyance en la réincarnation est affirmée dès le début comme formant un fragment des croyances universelles. La « métempsychose » (ou la transmigration des âmes) et la réincarnation étant, après tout, une seule et même chose. [retour texte]


Extrait du Cahier Théosophique n° 88 © Textes Théosophiques