Sur la réincarnation

par Espace Théosophie
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SUR LA REINCARNATION1

(1) Les objections soulevées fréquemment contre la « Réincarnation » et qui semblent valables à ceux qui les avancent, proviennent parfois de la partie émotionnelle de notre nature. Ils disent : « Nous ne voulons pas être quelqu'un d'autre dans une autre vie; comment pourrons-nous reconnaître nos amis et ceux que nous avons aimés si eux et nous changeons ainsi notre personnalité ? Les liens puissants que nous formons ici sont tels que le bonheur semblerait impossible sans ceux que nous aimons ».

Il est inutile de répondre que, si la Réincarnation est la loi, elle ne peut, ni ne fera de différence entre ce que nous aimons ou n'aimons pas. Tant qu'on se laisse mener par ses sympathies et ses antipathies, les arguments logiques ne dissiperont pas les objections, et si l'on affirme froidement que les objets bien-aimés de notre cœur nous échappent à jamais lors de la mort, le mental n'en éprouve aucune consolation et l'on n'énonce pas non plus une chose essentiellement exacte. En fait, une des souffrances de l'existence conditionnée est le risque évident de perdre pour toujours ceux que nous chérissons. Pour surmonter la difficulté que soulève cette mort toujours menaçante, les églises chrétiennes ont inventé leur ciel où une réunion est possible à une condition: l'acceptation du dogme du Rédempteur. Aucun de leurs croyants ne semble considérer qu'un grand nombre de ceux qui sont le plus intimement attachés à nous par toutes sortes de liens, ne réalisent pas et ne réaliseront jamais cette condition préalable. Par conséquent, le bonheur dans ce ciel n'est pas possible puisque nous savons que, immanquablement, ces non-croyants souffrent en enfer, car si nous avons encore assez de mémoire pour pouvoir reconnaître les amis croyants, il nous est impossible d'oublier les autres.

 GROUPE AMI

Que sont ces affections demanderons-nous? Ce sont ou bien (a) de l'amour pour le simple corps physique, ou (b) de l'amour pour l'âme intérieure. Naturellement, dans le premier cas, puisque le corps est désagrégé après la mort, il ne nous est pas possible, et nous ne devons pas le désirer à moins d'être bassement matérialiste, de revoir ce corps dans l'autre vie. Et la personnalité n'appartient qu'au corps. Par suite, si l'âme que nous aimons vraiment habite un autre organisme physique, la loi veut, et c'est là un aspect de la loi de Réincarnation qui n'est pas souvent signalé ni souligné, que nous rencontrions à nouveau, au cours d'incarnations, cette même âme dans une nouvelle demeure. Nous ne pouvons toutefois pas toujours la reconnaître. Mais le pouvoir de reconnaître ou de nous rappeler ceux que nous avons connus autrefois, est l'un des buts même de notre étude et de notre pratique. Et non seulement cette loi est celle que l'on trouve exposée dans les livres anciens, mais elle est confirmée d'une façon positive dans l'histoire de la Société Théosophique, dans une lettre d'un Adepte qui fut adressée il y a quelques années à certains théosophes londoniens. L'Adepte leur demandait s'ils s'imaginaient que c'était la première fois qu'ils s'incarnaient ensemble. Il leur affirmait le contraire et énonçait la règle que les affinités réelles de l'âme rassemblaient les êtres sur terre.

Etre associés contre notre volonté avec ceux qui se targuent d'avoir été notre mère, notre père, notre frère, fils ou femme dans une vie antérieure ne serait ni juste ni nécessaire. Ces relations provenaient uniquement de liens physiques et les âmes qui sont identiques, qui s'aiment vraiment, comme aussi celles qui nourrissent l'une pour l'autre de la haine, sont ramenées ensemble dans des corps mortels en tant que père ou que fils, ou autrement.

Ainsi donc, la doctrine du Dévachan nous donne la réponse. Dans cet état, nous avons avec nous, à toutes fins utiles et pour répondre à notre désir, tous ceux que nous avons aimés sur terre; en nous réincarnant nous nous retrouvons avec ceux dont l'âme nous attire naturellement.

En vivant en accord avec nos convictions les plus nobles et les meilleures pour l'humanité et non pour soi, nous rendons possible le fait de reconnaître enfin dans quelque vie sur terre ces personnes que nous aimons et dont la perte définitive nous paraît une perspective si triste et sans attrait.

1 The Path - Août 1888. [retour texte]